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Le "dynamitage du Code du travail" met une partie de la gauche en pétard

De nombreux élus de la majorité jugent que ce projet de loi est inacceptable en l'état. Ils fustigent aussi la menace de passage en force évoquée par le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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La ministre du Travail, Myriam El Khomri, le 18 février 2016 à Matignon. (YANN KORBI / CITIZENSIDE.COM / AFP)

Une nouvelle bombe pour la gauche. L'avant-projet de loi sur la réforme du Code du travail, dont la teneur a été dévoilée jeudi 18 février, crée un tollé au sein même de la majorité.

Assouplissement du temps de travail, plafonnement des indemnités prud'homales, licenciements facilités... En l'état, le texte est inacceptable pour une bonne partie des socialistes. "Oui j'ai mal aux 35 heures, oui j'ai mal pour les ouvriers", réagit la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, figure de l'aile gauche du parti. Le patron du PCF, Pierre Laurent, évoque un "dynamitage du code du travail".

L'ancien ministre Benoît Hamon, cité par L'Est républicain, n'est pas en reste : "Oui, c’est la fin des 35 heures et le droit de licencier à tout moment. La colère dépasse les députés frondeurs. Non seulement on annonce un texte qui détricote ce que la gauche a mis en place pour les salariés mais encore avant même de l'avoir reçu, on apprend que le recours au 49-3 est déjà envisagé. Ce n'est acceptable ni sur le fond ni sur la forme."

"Même Nicolas Sarkozy n'en avait pas rêvé"

"Avec le Premier ministre, nous voulons convaincre les parlementaires de l’ambition de ce projet de loi. Mais nous prendrons nos responsabilités", a en effet déclaré jeudi, dans Les Echos, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, laissant entendre que le passage en force au Parlement était une option envisageable.

Certains élus de gauche n'en ont pas cru leurs yeux à la lecture du texte. "En lisant cet avant-projet de loi, je suis tombé de ma chaise", a réagi le député du Cher Yann Galut sur France Info. "Cette réforme me met en colère parce qu'elle remet en cause tous les fondamentaux de la gauche. Là, on fait quelque chose que même Nicolas Sarkozy n'avait pas rêvé de faire", critique-t-il.

Son collègue de la Nièvre, Christian Paul, a parlé de "scandale ambulant" concernant le plafonnement des indemnités aux prud'hommes à 15 mois de salaire. Il a dénoncé "des éléments extrêmement contestables" sur les 35 heures et le droit du licenciement.

Même son de cloche pour Jean-Marc Germain, député proche de Martine Aubry, qui voit dans de texte "le cahier de revendications du Medef".

Hollande et Valls divisés sur le 49-3

Mais le rejet suscité par le projet pourrait bien dépasser le périmètre habituel des frondeurs. Le premier secrétaire du PS lui-même a fait part de ses doutes, déclarant qu'il aurait "du mal à voter" cette réforme "dans l'état" car elle "ne montre pas son équilibre entre une flexibilité et une sécurité". Pour Jean-Christophe Cambadélis, c'est notamment la question du licenciement économique qui coince : "Tout ce qui est dans ce texte" sur le sujet "est discutable".

Pour ne rien arranger, la stratégie à suivre pour faire adopter ce texte semble diviser l'exécutif. Avec, d'un côté, un Manuel Valls prêt à attiser le feu, et de l'autre, un François Hollande tentant d'arrondir les angles. Selon plusieurs médias, c'est le Premier ministre qui aurait orchestré la polémique sur la possible utilisation du 49-3. La première version de l'interview de Myriam El Khomri "ne contenait pas la mention polémique", finalement ajoutée sur demande de Matignon, explique RTL.

Or, François Hollande "ne veut pas du 49-3", assure Europe 1. Le chef de l'Etat devrait désormais inciter ses proches à faire dégonfler la polémique.

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