Viticulture : 15 millions d'euros d'aides européennes non utilisés renvoyés à Bruxelles
"Une complexité administrative kafkaïenne" et des problèmes de gestion seraient à l'origine de la non-attribution de ces aides aux viticulteurs français.
La filière viticole française ne cache pas sa colère. L'Etat va renvoyer 15 millions d'euros d'aides européennes à Bruxelles, faute d'utilisation.
Des fonds dont les viticulteurs français disent pourtant avoir bien besoin, alors que vient d'entrer en vigueur une augmentation de la taxation américaine sur leur production.
De nombreux dossiers rejetés
La faute revient, selon les syndicats agricoles, à un "problème de gestion" de la part de l'organisme FranceAgriMer (établissement national des produits de l'agriculture et de la mer) qui distille les aides aux exploitants viticoles après examen de leurs demandes, en raison d'un "manque de personnel".
"Beaucoup de dossiers sont rejetés alors qu'ils ne devraient pas l'être", estime Jérôme Despey, le président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault et secrétaire général de la FNSEA.
Des difficultés administratives sont également pointées du doigt. Bernard Farges, le président de la Confédération CNAOC (qui représente 70% des viticulteurs français) parle ainsi de "complexité administrative kafkaïenne".
"95% de l'enveloppe utilisée"
Le ministère de l'Agriculture a déclaré dans un communiqué que "plus de 95% de l'enveloppe" avaient été alloués à la filière, soit 265,3 millions d'euros pour la campagne 2018-2019. Reste que la France disposait de fonds s'élevant à 280,5 millions d'euros. Précisément, 94,58% de cette enveloppe a donc servi à aider la viticulture française.
Ces aides européennes prévues par la Politique Agricole Commune (PAC) sont distribuées pour la restructuration du vignoble, les investissements viti-vinicoles, la promotion de la production à l'étranger et la distillation des sous-produits de la vinification.
La complexité administrative pointée du doigt
Si l'on en croit les chiffres publiés par FranceAgriMer, il semble que ce soit dans le domaine de "la promotion en pays tiers" que les fonds aient été moins utilisés : 29 millions d'euros contre 42,8 millions pour l'exercice 2017-2018.
Pour le ministère, le renvoi d'une partie des fonds à Bruxelles vient de "la baisse du nombre de demandes, l'absence de demandes d'avances dans plusieurs bassins et la complexité des dispositifs".
L'ensemble de la filière devrait être convié au ministère de l'Agriculture dans les jours à venir pour mieux organiser les paiements en 2019-2020 et parler des difficultés auxquelles les viticulteurs font face actuellement.
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