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Arrestation de Carlos Ghosn : "Son autorité et sa légitimité n’ont jamais été mises en cause" au Japon

Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'Automobile, analyse les conséquences pour Renault, lundi pour franceinfo, à la suite de l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon.

Article rédigé par franceinfo
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Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse à Paris en septembre 2016. (ULI DECK / MAXPPP)

C’est l’un des patrons les plus puissants au monde. Carlos Ghosn a été arrêté lundi 19 novembre à Tokyo au Japon. Les accusations sont graves, le PDG de Renault et de Nissan aurait dissimulé une partie de ses revenus au fisc japonais. Invité de franceinfo lundi, le directeur de l'Observatoire Cetelem de l'Automobile, Flavien Neuvy, a détaillé les conséquences de cette interpellation pour le groupe automobile.

franceinfo : Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

Flavien Neuvy : Ce qu’on peut simplement dire c’est qu’effectivement cela a un impact médiatique important parce que l’alliance Renault-Nissan est devenue la première alliance en termes de nombre de voitures vendues dans le monde. C’est une alliance qui existe depuis bientôt 20 ans. C'est une alliance réussie, ce qui est très rare dans le monde de l’industrie automobile. Les fusions de constructeurs de pays différents sont très difficiles à réussir. C’est Carlos Ghosn qui a été la clef de voûte de cette réussite.

Pourquoi est-il vénéré au Japon alors qu'il est contesté en France ?

Il faut rappeler qu’à l’époque où il a été désigné pour redresser Nissan, le groupe japonais était au plus mal. C’est véritablement lui qui a réussi à remettre le constructeur sur les rails. Au Japon, personne n’a oublié finalement ce qu’il a accompli comme patron de Nissan. (...) C’est pour ça qu’au Japon son autorité, sa légitimité, n’ont jamais été mises en cause.

Pourquoi cette affaire entraîne une forte chute des cours de Renault en bourse ?

Encore une fois, Carlos Ghosn est vraiment celui qui a porté cette alliance au point où elle en est aujourd’hui. C’est-à-dire numéro 1 mondial en nombre de voitures vendues, devant le groupe Volkswagen, devant le groupe General Motors et avec plus de 10 millions de voitures écoulées l’an dernier. Toute cette réussite a été très incarnée par Carlos Ghosn qui a su finalement allier le meilleur de tous ces constructeurs pour en faire le leader mondial. Évidemment c’est normal que derrière, quand il arrive ce qu’il arrive aujourd’hui, il y ait des conséquences sur les marchés financiers pour l’action Renault.

Pourquoi l'État français sera extrêmement vigilant quant à la stabilité de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et à celle du groupe Renault, comme l'a déclaré Emmanuel Macron ?

Les pouvoirs publics vont regarder tout cela avec attention pour deux raisons : d’abord parce que Renault est une entreprise emblématique en France et aussi parce que l’État est actionnaire de Renault. La vraie question derrière ça sera de savoir comment va être menée la succession de Carlos Ghosn, qui de toute façon était enclenchée. Cela risque d’être très compliqué, car il va falloir trouver la bonne personne, celle qui aura à la fois l’aval de l’État français, mais aussi celui des Japonais qui seront évidemment eux aussi très attentifs.

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