Comment l'espoir de sauver le rhinocéros blanc du Nord, au bord de l'extinction, renaît grâce à une fécondation in vitro

Des scientifiques ont annoncé avoir réussi une FIV sur une espèce cousine, en septembre, et pensent pouvoir reproduire cette technique.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Najin (à gauche) et Fatu, les deux derniers rhinocéros blancs du Nord, dans la réserve d'Ol Pejeta (Kenya), le 23 août 2019. (TONY KARUMBA / AFP)

Une prouesse qui pourrait sauver une espèce menacée. Des scientifiques ont annoncé, mercredi 24 janvier, avoir réussi en septembre la première fécondation in vitro d'un rhinocéros blanc du Sud. Ce tournant est porteur d'espoir dans la course contre la montre pour sauver son proche cousin, le rhinocéros blanc du Nord, une espèce qui ne compte plus que deux femelles et aucun mâle en vie.

Si les rhinocéros ont très peu de prédateurs naturels, ils ont été décimés par l'homme depuis les années 1970. Trop âgées, les deux dernières femelles rhinocéros blanc du Nord, Najin et sa fille Fatu, ne sont plus capables de porter un petit à terme. Le dernier mâle, nommé Sudan, est mort en 2018 dans la réserve d'Ol Pejeta au Kenya, où Najin et Fatu vivent sous une surveillance constante pour être protégées des braconniers.

En 2015, alors que l'espèce ne comportait plus que trois individus, une stratégie de sauvetage a été mise au point par vingt scientifiques du monde entier, réunis à Vienne (Autriche). Celle-ci repose sur la fécondation in vitro d'ovocytes par injection de spermatozoïdes congelés, rendue possible par la combinaison de trois techniques : l'assistance médicale à la procréation, les techniques associées aux cellules souches et la cryopréservation de gamètes et d'échantillons de peau d'individus décédés, détaille le consortium scientifique BioRescue sur son site.

Une FIV réussie, malgré la mort de la femelle

En septembre, le consortium, soutenu par le ministère allemand de la Recherche, réussit à transférer deux embryons de rhinocéros blanc du Sud dans deux rhinocéros femelles de la même espèce. L'un des deux transferts prend, une première pour un rhinocéros.

Malheureusement, la femelle enceinte meurt après 70 jours de grossesse, en raison d'une "infection bactérienne sans rapport avec le transfert", expliquent les chercheurs. "Nous avons réussi quelque chose que l'on croyait impossible", se félicite néanmoins le chef du projet, l'Allemand Thomas Hildebrandt, qui s'est exprimé mercredi lors d'une conférence de presse à Berlin. En prouvant qu'une grossesse via une fécondation in vitro était possible chez le rhinocéros, les scientifiques ont repris espoir que cette technique puisse être répliquée avec un embryon de rhinocéros blanc du Nord, pour sauver cette sous-espèce.

"L'injection de sperme, la fécondation, l'azote liquide, la décongélation : tout cela n'avait jamais été fait auparavant pour les rhinocéros. Tout cela aurait pu échouer."

Thomas Hildebrandt, chef du projet BioRescue

lors d'une conférence de presse à Berlin

La prochaine étape du programme de reproduction du consortium, en mai ou en juin, verra donc les scientifiques tenter l'exploit avec un embryon de rhinocéros blanc du Nord, implanté dans une mère porteuse rhinocéros blanc du Sud, les deux espèces étant étroitement apparentées.

L'équipe de Thomas Hildebrandt espère "produire des rhinocéros blancs du Nord dans les deux ans et demi à venir". Il se pourrait toutefois, selon ce dernier, que le processus prenne plus longtemps, la grossesse chez un rhinocéros durant seize mois. Cerise sur le gâteau : cette technique pourrait servir à préserver d'autres espèces de rhinocéros menacées, comme le rhinocéros de Sumatra, en Asie du Sud-Est.

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