Cet article date de plus de sept ans.

Le castor est de retour en Ile-de-France : "Il y en a au moins un, c'est certain. Peut-être deux ou trois mais pas plus"

Alors que l'espèce a fait son retour dans la région, franceinfo a interrogé Paul Hurel, spécialiste du castor à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.

Article rédigé par Louis San - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un castor européen au bord de la Loire. (JEAN-FRANCOIS SOUCHARD / BIOSPHOTO / AFP)

Il avait quasiment disparu depuis le début du XXe siècle mais il fait sa réapparition. Le castor est de retour en Ile-de-France, a annoncé l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), mardi 4 octobre. Pour mieux comprendre ce come-back, franceinfo a interrogé Paul Hurel, l’animateur en Ile-de-France du réseau Castor de l’ONCFS.

Franceinfo : Comment le castor est-il arrivé en Ile-de-France ?

Paul Hurel : Il y a eu des réintroductions dans différents bassins versants de la France, notamment le bassin versant de la Loire, qui est le plus près d'Ile-de-France. La réintroduction a eu lieu entre 1974 et 1976 vers Blois et, depuis ces années-là, on trouve beaucoup de castors dans les environs d'Orléans ou encore de Tours.

A l'origine, ils étaient vraiment sur la Loire puis ils ont remonté tous les petits affluents du fleuve. Et certains individus sont remontés vers le bassin de la Seine. On pense que ceux qui sont arrivés sur la rivière Essonne sont remontés via une petite rivière qui s'appelle L'œuf, dans le département du Loiret.

Cet hiver, nous allons prospecter pour essayer d'avoir plus de précisions pour essayer de vérifier l'existence d'un front de colonisation continue depuis le Loiret.

Combien compte-t-on de castors en Ile-de-France ?

Pour l'instant, nous avons vu quelques arbres coupés le long de la rivière Essonne, de façon très dispersée. On ne sait pas combien il y a de castors : au moins un, c'est certain. Peut-être deux ou trois mais pas plus.

Parfois, on observe directement l'animal mais le plus souvent, on trouve des indices du passage du castor. Il coupe des arbres de façon très caractéristique et on voit vraiment ses traces de dents. On peut aussi observer des terriers-huttes et des barrages. Cet été, le syndicat de rivière qui s'occupe de l'Essonne nous a contactés après avoir observé des arbres peut-être coupés par des castors. Nous nous sommes déplacés pour constater et nous avons validé l'information.

A l'échelle nationale, notre méthode de suivi ne nous permet pas de quantifier de façon précise le nombre de castors en France. En revanche, nous avons un ordre d'idée et nous estimons qu'il y en a environ 20 000.

Est-ce que son retour en Ile-de-France signifie que la qualité de l'eau est meilleure ?

Non, le castor n'a pas besoin d'avoir une eau spécialement propre. Le castor peut très bien se retrouver dans des zones polluées. Ce retour signifie plutôt que nous avons en Ile-de-France des cours d'eau avec des berges riches en saules et peupliers (les deux essences qu'il préfère consommer), c'est-à-dire des habitats suffisamment favorables pour que le castor puisse se disperser.

Que faire si l'on croise un castor ou une habitation de castor ?

Il n'y a rien à craindre. C'est le plus gros rongeur d'Europe mais ce n'est pas un animal dangereux. Il faut savoir que le castor, son terrier-hutte et le barrage sont protégés. On parle de terrier-hutte parce que le castor construit un terrier avec au-dessus un petit toit fait de branchages. C'est là qu'il passe ses journées quand il se repose et qu'il se reproduit. Les barrages lui permettent d'avoir une certaine hauteur d'eau, environ 60 cm. Cela lui permet d'avoir l'entrée de son terrier toujours sous l'eau et d'accéder à davantage d'arbres.

On peut s'approcher d'un terrier-hutte ou d'un barrage mais il ne faut pas marcher dessus ou les détruire. L'ONCFS est en charge de la police de l'environnement en France et si l'on constate des dégradations, il y a des risques d'emprisonnement et d'amendes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.