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Les caméras de surveillance rendues obligatoires dans tous les abattoirs d'Espagne

Le gouvernement espagnol vient de rendre obligatoire la présence de caméras de surveillance dans tous les abattoirs du pays, qui devient ainsi le premier de toute l’Union européenne à implanter le contrôle vidéo dans l’industrie de la viande.

Article rédigé par Mathieu de Taillac, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un employé tire un chariot chargé de viande à l'abattoir AIM (Abattoirs industriels de la Manche) de Sainte-Cécile, dans le nord-ouest de la France, le 5 juillet 2018/Image d'illustration  (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

On a du mal à parler de bien être animal dans un abattoir… Mais l’implantation obligatoire de caméras dans les quelque 700 installations du pays a bien pour but de répondre aux inquiétudes des organisations animalistes.

En Espagne, comme ailleurs, ces dernières ont alerté l’opinion par des enquêtes choc, caméra caché. Le ministre de la Consommation, Alberto Garzón, avoue qu'elles ont joué un rôle clef dans la décision du gouvernement : "Cela a secoué les consciences, celles des organisations animalistes, mais aussi des citoyens ordinaires de ce pays, sans oublier le coût en termes de réputation pour la majorité du secteur, pour tous ceux qui font bien leur travail". 

Les premiers concernés ne réagissent pas trop mal à la mesure. Ignasi Pons, directeur adjoint de l’organisation de l’industrie de la viande Fecic, la Fédération Entrepreneuriale des Viandes et des Industries de la Viande, qualifie même cette obligation d'"initiative positive".

"On ne souhaite qu’une chose, c’est qu’avec cette nouvelle règlementation, on n’ait plus à voir ce genre d’images."

Ignasi Pons, directeur adjoint de l’organisation de l’industrie de la viande

à franceinfo

"Si on obtient ça, alors ce sera un succès, estime le dirigeant de Fecic. Les abattoirs qui ne font pas bien leur travail sont une toute petite minorité. Mais ils portent atteinte à notre image. Nous sommes le premier exportateur de l’UE, alors c’est à nous de prendre cette mesure en premier."

Les militants de la cause animale veulent aller plus loin 

Les propriétaires des abattoirs paraissent donc volontaires dans leur ensemble. Et pour cause, répondent les protecteurs des animaux. Au Parti animaliste, la responsable des relations internationales Ana Bejar demande davantage aux autorités. 

"C’est un pas en avant, reconnaît Ana Bejar, mais c’est insuffisant. Parce que ce supposé contrôle, il faudrait l’appliquer à toute la chaîne de l’animal destiné à la consommation. Car c’est dans les fermes usines, dans des exploitations d’élevage énormes, que les animaux souffrent le plus. Ces mesures bénéficient à l’industrie de la viande parce que cela ne va pas être facile d’obtenir une condamnation pour mauvais traitements dans un abattoir, mais, eux, pourront restaurer leur image". Il reste à faire pour améliorer le sort des bêtes qui nous nourrissent. L’Espagne, en tout cas, montre un chemin possible.

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