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Harcèlement sexuel dans les transports : la RATP sensibilise les usagers à une méthode d'intervention

A l'occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la RATP a organisé une sensibilisation de ses usagers afin de leur apprendre une méthode pour intervenir en tant que témoin ou victime.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des passagers de la ligne 13 du métro, le 14 mai 2020 à Paris (illustration). (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Des mains aux fesses, des insultes, des remarques insistantes... Joséphine, une trentenaire, dit en avoir fait les frais plusieurs fois dans le métro, "comme à peu près 100% des femmes", assure-t-elle. Alors qu'une étude de la Fédération nationale des associations d'usagers de transport (Fnaut) estime en effet que neuf femmes sur dix affirment avoir déjà subi du harcèlement dans les transports, la RATP organisait à l'occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, mardi 8 mars, une opération de sensibilisation des usagers. 

"La plupart du temps, les gens font comme s'ils ne voyaient rien, à part si c'est vraiment très grave", déplore Joséphine, reconnaissant quand même qu'il lui a été "parfois très compliqué de réagir" quand elle s'est retrouvée dans la situation inverse. C'est justement le but de l'opération menée : apprendre aux voyageurs à réagir car, selon la RATP, 80% des personnes ne savent pas comment faire.

Une méthodologie spécifique pour intervenir

Pour cela, ils étaient cinq à l'entrée de la ligne 13, gare Saint-Lazare, mardi. "Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je voulais juste vous informer que tous les agents RATP sont formés sur le harcèlement sexiste dans les transports", explique ainsi l'un d'eux à une utilisatrice. "On a donc mis en place une méthodologie pour savoir comment réagir dans cette situation, qu'on soit victime ou témoin."

Cette "méthode 5D" (distraire, déléguer, documenter, diriger, dialoguer) permet de s'interposer quand on assiste à une scène de harcèlement mais sans se mettre en danger. En cas de doute, Sandrine Charnoz, chargée de la lutte contre le harcèlement à la RATP, préconise par exemple de "faire tomber votre portefeuille ou votre carnet entre les deux personnes" pour ensuite aller le ramasser. "Vous les regardez l'un et l'autre en vous excusant. Ainsi, vous ne prenez pas part à la scène mais vous avez créé un moment qui fait que la femme va pouvoir s'échapper si elle est agressée ou harcelée."

Bientôt 3 000 agents de sécurité privée en service

Au total, 1 000 agents de la RATP ont déjà suivi la formation à la méthode 5D, sur les 6 500 agents au contact du public qui sont formés aux violences sexistes et sexuelles. Grâce à elle, Kamel a appris à repérer des situations qu'il n'aurait pas forcément vu jusque là. "Elles pouvaient nous paraître normale parce qu'il n'y avait pas de cris ou de plaintes", explique celui qui travaille depuis dix-sept ans sur la ligne 13. "Avec cette formation, s'il devait se passer quelque chose on sera là et on pourra intervenir." Pour renforcer les capacités d'intervention, la RATP a recruté 2 000 agents de sécurité privée depuis 2016 et va en recruter 1 000 de plus. 

Contrairement aux idées reçues, ces situations ne se produisent pas dans des conditions isolées : selon la RATP, la majorité des agressions ont lieu aux heures de pointe et dans des rames bondées. Pour autant, à la fin du mois, des arrêts à la demande seront expérimentés dans dix lignes de bus, soit des noctiliens, soit des lignes qui roulent encore après 22 heures. 

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