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Un ex-patron de la Française des jeux accuse l'entreprise de tromperie

Gérard Colé, à la tête de la société entre 1989 et 1993, se dit prêt à témoigner dans le cadre de la procédure opposant l'entreprise à un ingénieur qui l'accuse d'avoir trompé ses lots de billets.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des jeux à gratter dans un bureau de tabac, le 21 janvier à Morlaix (Finistère). (CLAUDE PRIGENT / MAXPPP)

"Je me tiens à la disposition des magistrats afin, s'ils le souhaitent, d'être entendu." Gérard Colé, président de la Française des jeux (FDJ) de 1989 à 1993, accuse, mercredi 26 février, l'entreprise d'avoir trompé les joueurs en leur faisant croire qu'il y avait, dans les jeux de grattage, "une égalité des chances qui n'a jamais existé". Il se dit prêt à témoigner dans le cadre de la procédure opposant l'entreprise à Robert Riblet, un ingénieur à la retraite.

Robert Riblet a engagé, en 2006, une procédure pénale contre la société, estimant que la détermination et la répartition des gains n'avait rien d'aléatoire. Ce dernier s'est aperçu que les tickets n'étaient pas répartis au hasard, mais par livrets. Dans trois livrets sur quatre, il n'existait qu'un seul "gros lot" supérieur ou égal à 20 euros, les autres tickets étant soit perdants soit porteurs de montants "dérisoires", avait-il dénoncé. Une fois le "gros lot" remporté, les tickets continuaient d'être vendus, ce qui constitue, selon lui, une "rupture d'égalité" entre les joueurs. 

"Des milliers de joueurs ont été lésés" depuis la mise en place du premier jeu de grattage en 1989, estime Gérard Colé, qui assure ne pas avoir été au courant de cette pratique lorsqu'il était à la tête de l'entreprise. Le but était "de faire rejouer et de doper le chiffre d'affaires des courtiers, des détaillants et de la FDJ", ajoute-t-il. Après la révélation de l'affaire dans la presse, l'entreprise, détenue à 72% par l'Etat, avait modifié, en 2007, le règlement de ses jeux de grattage. Mais, depuis, "il n'y toujours pas eu de législation convenable en la matière", déplore Gérard Colé. Une instruction est actuellement en cours.

"Tant d'enjeux financiers qu'on essaie de botter en touche"

L'ancien ingénieur a, en parallèle, assigné la FDJ devant les juridictions civiles. Il a été débouté et condamné en août à verser à l'entreprise 10 000 euros de dommages et intérêts. Le juge a estimé qu'il n'avait pas apporté la preuve que le rôle du hasard avait été faussé par la FDJ. "J'ai été consterné par cette décision et j'ai décidé de réagir", explique Gérard Colé, affirmant que les arguments de l'ingénieur sont "fondés".

"Tout le monde sait que j'ai raison depuis des années", s'est de son côté félicité Robert Riblet après les propos de l'ex-patron. "Mais il y a tellement d'enjeux financiers qu'on essaie de botter en touche et de me faire passer pour quelqu'un à l'imagination débridée. (...) Aujourd'hui enfin, on va dire à 29 millions de joueurs que ce n'est plus 'selon Robert Riblet' que le hasard serait manipulé, mais que c'est 'selon l'ancien PDG qui était aux commandes'", s'est-il réjoui. Sollicitée par l'AFP, la Française des jeux n'a pas souhaité commenter.

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