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"Sugar daddies", ces hommes fortunés qui "sponsorisent" des étudiantes

Lancé aux Etats-Unis par Brandon Wade et récemment arrivé en France, un site de rencontres met en relation des hommes et de jeunes femmes qui cherchent à financer leurs études. Son principe frôle la prostitution.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Officiellement, les relations sexuelles ne font pas partie du contrat proposé par SeekingArrangement. Mais plusieurs adhérentes n'hésitent pas à avouer que la plupart des rendez-vous se terminent de cette manière. (DUEL / CULTURA RF/ GETTY IMAGES)

"Homme fortuné cherche jeune étudiante. Prêt à financer ses études, contre moments de tendresse, voire plus si affinités." C'est ce type d'annonces que se propose de relayer le site SeekingArrangement. Lancé en 2006 aux Etats-Unis par Brandon Wade, un diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le site revendique aujourd'hui un million d'étudiantes parmi ses abonnés, dont déjà 7 000 Françaises, alors que la version en français a été mise en ligne récemment.

Une arrivée qui provoque la colère de l'association Osez le féminisme, qui dit avoir interpellé les parlementaires à ce sujet, pour que des dispositions soient prises à l'encontre de ce site.

Comment ça marche ?  

Le principe est déjà bien connu aux Etats-Unis. Les deux partenaires s'engagent à partager une relation mutuellement bénéfique. En théorie, le "sugar daddy" (littéralement, le papa gâteau) offre de l'argent, un repas, des cadeaux... contre la présence d'une jeune femme à son goût à ses côtés quand il le souhaite.

Avec cette somme, en moyenne 3 600 euros par mois en France en allocation et cadeaux divers selon le site, la "sugar baby" peut se payer ses études. Cécile, étudiante française de 26 ans qui souhaite rester anonyme, explique ainsi au Monde qu'elle s'est inscrite alors qu'elle vivait aux Etats-Unis et qu'elle continue aujourd'hui en France. Elle a cinq "généreux" bienfaiteurs "réguliers", qui lui assurent, selon les mois, entre 3 000 et 4 000 euros "d'argent de poche", intégralement versé en liquide ou sous forme de cadeaux. 

Officiellement, les relations sexuelles ne font pas partie du contrat. Mais plusieurs adhérentes n'hésitent pas à avouer que la plupart des rendez-vous se terminent de cette manière, comme le révèle cette enquête du Figaro Etudiant.

Qui a imaginé ce site ? 

"Quand j'étais jeune, j'étais une sorte de vilain petit canard et j'étais très timide", confie Brandon Wade sur la page d'accueil de son site personnel. Aujourd'hui, le vilain petit canard est devenu milliardaire grâce à sa création. 

Concernant sa timidité, l'homme s'est visiblement soigné, si l'on en croit les photos réalisées pour la publicité de son nouveau projet, encore plus provocateur, baptisé Carrot Dating. Le principe ? Des hommes offrent des cadeaux pour obtenir une rencontre, et c'est aux femmes de faire leur choix. Il a également décliné le principe avec MissTravel, où les hommes fournissent le billet d'avion et offrent les vacances aux jeunes femmes.

Est-ce légal en France ?

La justice américaine s'est bien intéressée à son site pour le faire interdire. En vain. En France, la prostitution n'est pas illégale, mais ce qui est sévèrement réprimé, c'est l'incitation, et ce qui peut faciliter l'accès à cette prostitution. Or le site ne mentionne jamais des relations sexuelles tarifées, seulement "des gens qui savent ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent offrir en retour".

Contactée par 20 Minutes, une source policière a confirmé que la plateforme avait été saisie de plusieurs plaintes d'internautes, via la plateforme Pharos, consacrée aux signalements de contenus ou comportements illicites sur internet. Mais les enquêteurs ont classé ces actes sans suite. "Pour nous, ce site internet n'est pas un réseau de prostitution déguisée", conclut cette source policière.

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