Logement : en Finlande, l'objectif affiché du zéro SDF
La Finlande a un but : reloger tous les sans abris, sans exception. Le nombre de SDF a été réduit de moitié, et les autorités estiment que reloger les sans-abris revient au final moins cher que de les laisser dans la rue. Reportage sur le terrain, à Helsinki, la capitale du pays.
Pour Miguel Rojas, le simple fait de pouvoir ouvrir une boîte aux lettres avec une clef est une renaissance. Tout comme la fierté d'avoir une adresse. "Je suis tellement attaché à cette clef, je n'en ai pas eue pendant longtemps puisque je n'avais pas de porte à ouvrir", confie cet ancien SDF, resté à la rue pendant quatre ans. Pour lui, faire la vaisselle avec de l'eau courante est le symbole de son toit retrouvé. "Je me suis séparé de ma femme il y a cinq ans, j'étais malade, je souffrais de dépression, j'ai perdu le contact avec mes trois enfants, et je suis devenu SDF", explique-t-il aux caméras de France 2.
Aujourd'hui, il dit être apaisé de savoir qu'il ne dormira plus jamais dans la rue. S'il a retrouvé un logement, c'est parce que le gouvernement finlandais le lui a fourni. Le programme est appelé "Housing first", le logement d'abord. L'idée est d'héberger tous les SDF sans condition, même ceux qui sont dépendants à l'alcool ou aux drogues.
10 000 euros d'économie par an et par SDF
En 10 ans, 3 700 habitations ont été construites ou rénovées, notamment dans la banlieue de Helsinki où une ancienne structure d'hébergement d'urgence a été transformée en plusieurs appartements. Quelque 88 anciens SDF y vivent de façon permanente. En 30 ans, le nombre de sans-abris en Finlande a été réduit par deux, passant de 17 000 à 8 000 personnes. Coût de ces nouveaux logements pour le contribuable : 240 millions d'euros. À l'année, loger des SDF coûte toutefois moins cher que de les laisser dans la rue. "Nous faisons une économie de 10 000 d'euros par an et par personne".
Des économies en frais de santé, dont les hospitalisations d'urgence et les transports en ambulance, mais aussi en interventions de police lors des bagarres, et aussi en aides sociales. Car, sur ce dernier point, l'attribution d'un logement permet aussi la réinsertion et l'indépendance des anciens SDF. La Finlande reste un pays de cinq millions d'habitants, où le taux d'imposition est très élevé et le modèle social généreux. Difficile donc de savoir si les mêmes mesures peuvent s'appliquer dans d'autres pays d'Europe.
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