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Surpopulation carcérale : "Il y a une volonté politique, mais malheureusement il faut du temps", estime l'ancien directeur des prisons de Fresnes et de Fleury-Mérogis

Joaquim Pueyo, maire PS d'Alençon, ancien directeur des prisons de Fresnes et de Fleury-Mérogis, réagit sur franceinfo au bilan détaillé de l'état des établissements pénitentiaires français dressé par la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.
Article rédigé par franceinfo
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Le centre pénitentiaire de Fresnes. (LP/ PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

"Il y a une volonté politique mais malheureusement il faut du temps", a estimé jeudi 11 mai sur franceinfo Joaquim Pueyo, maire PS d'Alençon, ancien directeur des prisons de Fresnes et de Fleury-Mérogis, ancien président du groupe parlementaire sur les prisons, alors que la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté a remis son rapport annuel sur la surpopulation carcérale, qui s'aggrave en 2022.

franceinfo : Que pensez-vous de ce rapport ?

Joaquim Pueyo : Je ne suis pas étonné des conclusions du rapport puisque depuis des années nous dénonçons cette surpopulation qui a des conséquences sur la détention, les conditions de travail des personnels. En 2012, quand j'étais parlementaire, j'avais déjà proposé de créer 10 000 places mais je n'ai pas été suivi à cette époque. Le garde des Sceaux dans son projet de loi d'orientation de la justice a pris la décision de créer 15 000 places, mais il faut le faire rapidement. Mais nous savons, pour mettre en œuvre la construction de prison, il faut du temps, quatre à cinq ans.

Construire des places c'est bien mais il faut aller plus loin ?

Il y peut-être des mesures qui pourraient réguler la population pénale. Je pense notamment à la libération sous contrainte qui devra être étendue. Les mesures de semi-liberté sont insuffisantes. La situation est difficile, elle est explosive notamment dans les maisons d'arrêt où on héberge 3 détenus dans une cellule de 9 m2. Ce n'est pas acceptable. La construction de places aura des effets à moyen terme et pas immédiatement. Les services pénitentiaires doivent travailler avec les procureurs sur chaque établissement pénitentiaire pour voir comment on peut réguler la population pénale d'une prison. Je crois beaucoup à la libération sous contrainte puisque le magistrat peut libérer les détenus en fin de peine avec des obligations et interdictions.

Pensez-vous qu'il y a une volonté politique ?

Je pense qu'il y a une volonté politique. Le garde des Sceaux précise bien qu'il y aura davantage de personnel, la revalorisation au niveau des surveillants. Il y a une volonté politique mais malheureusement il faut du temps, mais le temps est dramatique pour les détenus qui doivent purger leur peine dans ces conditions. Il faut donner du sens à la peine, mais on ne pourra le faire que si les conditions de détention sont bonnes.

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