Cet article date de plus de neuf ans.

L'inquiétude des juifs de France : "On veut juste partir en courant"

Alors que les quatre victimes de la prise d'otages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes ont lieu ce mardi en Israël, beaucoup de juifs de France ne se sentent plus en sécurité dans leur pays. Au point de s'interroger sur un départ pour Israël. C'est ce qu'a pu constater Gaele Joly auprès d'une famille très marquée par les événements.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Dans la rue des Rosiers à Paris, les soldats sont arrivés en masse © MAXPPP)

Elle a les traits tirés, fatigués Célia, mais dans son regard on la sent déterminée. Depuis la tuerie de vendredi, elle n'a pas dormi... Âgée de 29 ans, cette mère de deux jeunes enfants habite le quartier, porte de Vincennes, et elle fait souvent ses courses à l'Hyper Cacher. Ce week-end, elle a pris une décision radicale. Elle a mis en vente son appartement sur Internet.

L'inquiétude des juifs de France : "On veut juste partir en courant" - reportage Gaele Joly

"C'est un départ précipité qu'on envisage [...] On veut juste partir en courant"

Ce départ précipité est devenu une affaire de famille puisque les parents de Célia envisagent de la suivre en Israël. Les parents, la soeur aussi, Diane, 32 ans. Diane tient sa fille de huit ans par la main. Elle qui a refusé d'aller a l'école lundi, trop angoissée à la vue de tous ces militaires postés devant son école juive.  Après la tuerie de Vincennes, après l'attaque de l'école Otzar Hatorah à Toulouse il y a près de deux ans, où Mohamed Merah avait froidement abattu trois enfants et un professeur, Diane craint pour la sécurité de ses enfants.

"Aujourd'hui, ça m'a fait un déclic, c'est vraiment pour assurer l'avenir de nos enfants"

Alors évidemment, dire qu'on veut quitter la France parce qu'on a peur pour la sécurité de ses enfants, pour aller émigrer en Israël dans un pays en état de guerre, ça peut paraitre un peu contradictoire... Là-dessus, Diane et sa soeur Celia ne voient pas les choses de la même façon. Certes la vie en Israël est risquée, certes il faut vivre avec la menace des roquettes, mais la liberté de culte n'a pas de prix.

"Même s'il y a des risques, au moins on vivra notre religion en paix"

Pour autant, toute la famille n'est pas prête à plier bagage aussi rapidement. Diane et Célia ont une grande soeur, qui pour l'instant hésite encore. Elle ne veut pas voir ses enfants faire le service militaire.

Célia et Diane disent malgré tout avoir été réconfortées par la manifestation de dimanche. Très beau rassemblement, très bel élan d'unité et de solidarité aussi envers les juifs, mais qui n'a pas suffi à les retenir ici en France. L'année dernière, la France est devenue le premier pays d'émigration vers Israël.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.