Cet article date de plus de huit ans.

Oise : un cours d'art martial pour des détenus, les surveillants indignés

Le syndicat Ufap-Unsa dénonce "une activité dangereuse et en décalage total avec la lutte contre les violences en détention".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le centre pénitentiaire de Liancourt (Oise), en février 2004. (MAXPPP)

"On donne le bâton pour se faire battre !" Au centre pénitentiaire de Liancourt, un projet de cours d'art martial pour les détenus ne passe pas auprès des surveillants. Le syndicat Ufap-Unsa Justice de cette prison de l'Oise s'élève, jeudi 17 mars, contre la possible mise en place au mois d'avril d'un cours de canne de combat, un art martial qui se pratique avec un bâton en bois long de 95 cm tenu dans une seule main.

Selon les membres du syndicat, "la mise en place de ce type d'activités est dangereuse et surtout en décalage total avec la lutte contre les violences en détention". Le bureau local du syndicat, qui a rebaptisé l'activité "cassage de maton avec un bâton", exige "l'annulation immédiate de cette absurdité", tandis que des actions de protestation sont envisagées.

"Leur apprendre à canaliser cette violence"

L'Ufap-Unsa affirme également que l'activité serait financée par le Plan de lutte antiterrorisme (Plat), des subsides fournis par l'Etat aux administrations pénitentiaires. "En quoi cette activité aurait-elle un effet bénéfique sur la radicalisation ?" s'est interrogé le syndicat. La direction interrégionale des services pénitentiaires de Lille, chargée de 21 établissements du nord de la France, dont celui de Liancourt, a formellement démenti. "Cela ne correspond pas au profil des actions financées par le Plat, qui sont tournées vers la citoyenneté, les valeurs républicaines et le vivre ensemble", indique Alain Jégo, directeur interrégional.

Ce dernier rappelle que plusieurs arts martiaux sont déjà enseignés dans les prisons : karaté, boxe, capoeira... "60% des détenus français ont été condamnés pour violence", poursuit Alain Jégo. "L'objectif est de leur apprendre à canaliser cette violence dans le respect de l'autre. Il faut pour cela un animateur de qualité, conscient de ce que l'on cherche à atteindre."

Le directeur affirme toutefois comprendre "que l'usage d'un bâton puisse faire un blocage au niveau des personnels de surveillance. Il aurait été préférable que la mise en place de cette activité soit discutée en amont avec les organisations professionnelles. Je vais demander que ce dialogue avec la direction et le SPIP ait lieu. Nous verrons ensuite si c'est faisable ou pas".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.