Lutte contre les violences conjugales : à la maison des femmes de Saint-Denis, on espère que les mesures annoncées vont "donner confiance en la justice"
À l'intérieur de la maison des femmes de Saint-Denis (en Seine-Saint-Denis), une maison aux murs colorés, située juste à côté de l'hôpital, une femme en blouse blanche se presse d'une salle à l'autre, il s'agit de Ghada Hatem, gynécologue obstétricienne et directrice de l'établissement. Cette structure accueille des femmes victimes de violences et leur offre un accompagnement médical, social et juridique. Cette maison des femmes est équipée d'un bloc opératoire pour réaliser des gestes médicaux sous anesthésie locale ou des avortements mais aussi d'un lieu spécifique pour que les policiers puissent recueillir les plaintes des patientes. En quatre ans, 200 femmes ont pu dénoncer leur conjoint violent.
L'espoir d"être en sécurité plus vite"
L'une des mesures, souhaitée, à savoir la création d'un pôle dédié aux violences intrafamiliales dans chaque tribunal, peut aider, estime la directrice. Cette évolution peut "peut-être donner plus confiance en la justice à ces femmes en leur disant :'maintenant c'est mieux qu'avant."' Une manière de leur donner de "l'espoir et, un jour peut-être, la garantie que leurs dossiers seront traités plus vite. Qu'elles seront en sécurité, plus vite et de manière plus efficace."
En s'appuyant sur un rapport parlementaire, le garde des Sceaux précise, lundi 22 mai, une série de mesures contre les violences conjugales. Au-delà de la création de pôles violences intrafamiliales dans chaque tribunal, Éric Dupond-Moretti évoque également le déploiement de nouveaux bracelets anti-rapprochement plus performants, ainsi que la création d'une ordonnance de protection immédiate pour expulser du domicile les conjoints violents en 24 heures.
Une maison des femmes par département d'ici deux ans
Ghada Hatem estime de plus qu'il est nécessaire de débloquer des fonds pour développer des antennes de maisons des femmes un peu partout. Sur ce point, le gouvernement s'engage à en ouvrir une par département d'ici deux ans. Bénédicte, nounou à la maison des femmes de Saint-Denis, estime pour sa part qu'il faut accélérer le recrutement de ce type de postes. "Les mamans ont plus de facilité à parler avec les intervenants que quand il y a des enfants, dit-elle. Il ne faut pas oublier qu'un bébé, un enfant de deux ans ou un enfant de dix ans, ça comprend à sa manière." Lorsqu'ils sont confiés à une nounou, le temps d'un entretien, "ils ne souffrent pas, ils sont bien, ils sont dans leur monde, ils jouent", souligne Bénédicte.
Sur un banc à côté, Justine attend sa psychologue. Victime d'humiliations et de coups de son ex-mari, elle voudrait "accélérer les choses au tribunal." Elle est favorable aux maisons de femmes "parce qu'il faut que la séparation se fasse. Cette relation de violence m'a beaucoup affaiblie et j'avais besoin d'être accompagnée par ces personnes, pour pouvoir réapprendre ne serait-ce qu'à accepter mon corps, et à me réadapter socialement, parce que j'étais coupée du monde." Cet accompagnement permet aussi à Justine de maintenir son dépôt de plainte, qu'elle a plusieurs fois hésité à retirer.
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