Incendie de Paris-Opéra : deux ans ferme requis
Les réquisitions du procureur ont été prononcées ce vendredi : trois ans de prison, dont deux ferme, contre la jeune femme à l'origine de l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra, qui avait fait 24 morts. "On trouvera difficilement faute non intentionnelle plus grave que ce qu'elle a commis ", a lancé la représentante du parquet, Alexandra Onfray, en évoquant Fatima Tahrour, ex-petite amie du veilleur de nuit, qui a reconnu avoir jeté des habits au sol où se trouvaient des bougies, car l'attitude de ce dernier, alcoolisé et sous cocaïne, l'avait mise hors d'elle.
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La jeune femme, 31 ans à l'époque des faits, a toujours affirmé ne pas s'être rendu compte de la portée de son geste et n'avoir appris l'incendie que le lendemain, ce que le procureur a jugé "difficile à croire ". "Elle seule a la réponse, mais nous avons tous regretté de ne pas entendre une explication claire, honnête et sans faux-fuyant, au lieu de quoi elle n'aura eu de cesse de se murer dans un insupportable silence ou, pire, d'invoquer l'absence de souvenirs! " Mais rappelle l'accusation, rien ne permet de démontrer une quelconque volonté incendiaire, passible de la perpétuité.
Rachid et Fatima Tahrour, les gérants de l'hôtel, sont eux accusés d'avoir volontairement méprisé les règles de sécurité en vigueur et d'avoir organisé la sur-occupation de l'hôtel, où 77 personnes étaient présentes le soir du drame pour une capacité d'accueil fixée à 62. Par "esprit de lucre ", fustige le procureur, dénonçant leur "logique d'entassement " de familles devenues une véritable "rente de situation ".
Neuf femmes et onze enfants parmi les victimes
Et s'agissant de Nabil Dekali, le fils des gérants et veilleur de nuit de l'établissement, il était "alcoolisé et drogué ce qui a altéré sa clairvoyance " et "indéniablement modifié ses réflexes et sa lucidité ", a poursuivi le procureur, qui a requis contre lui trois ans de prison avec sursis. Or, les secours ont mis plus de 10 minutes à être appelés, alors que dans ce vieil hôtel à escalier unique, les occupants des chambres sur cour et des étages supérieurs "n'avaient aucune chance de survivre " s'ils n'évacuaient pas immédiatement, a-t-elle poursuivi, soulignant que 20 des 24 morts habitaient le quatrième étage ou les étages supérieurs.
L'hôtel accueillait principalement des familles étrangères en difficulté, la plupart envoyées par le Samu Social. De nombreuses victimes avaient sauté dans le vide pour tenter d'échapper aux flammes. Parmi les morts, neuf femmes et onze enfants. Le fils et son ex-petite amie encouraient trois ans prison pour homicides involontaires, les gérants cinq, avec la circonstance aggravante de manquement délibéré aux règlements.
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L'incendie du Paris-Opéra le 15 avril 2005, le plus meurtrier à Paris au moins depuis la Libération, avait été le premier d'une série dans des hôtels ou meublés de la capitale abritant majoritairement des étrangers, qui avait fait 52 morts en quelques mois, débouchant sur un renforcement des normes anti-incendie dans l'hôtellerie.
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