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Extradition d'Aurore Martin : Manuel Valls ne va "pas s'excuser"

Attaqué par des élus de gauche après l'arrestation de la militante basque, le ministre de l'Intérieur se défend. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, le 30 octobre 2012 à Paris. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

JUSTICE – Manuel Valls riposte. Le ministre de l'Intérieur, attaqué par des élus de gauche, estime qu'il n'a pas à s'excuser après l'extradition de la militante basque Aurore Martin, dans une interview parue lundi 5 novembre dans Le Parisien"Je ne vais pas m'excuser qu'une décision de justice soit appliquée", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Point par point, voici comment le ministre se défend.

Pas d'initiative du ministre de l'Intérieur

Le ministre de l'Intérieur réfute les accusations selon lesquelles il serait à l'origine de l'application du mandat d'arrêt européen (MAE) qui a conduit les autorités françaises à livrer, jeudi dernier, Aurore Martin à la justice espagnole. Aurore Martin faisait l'objet d'un MAE de la part des autorités espagnoles, accepté par la Cour d'appel de Pau, depuis fin 2010. Une tentative d'arrestation par la police en plein Bayonne, en juin 2011, avait échoué, la jeune femme étant entraînée dans un café par ses amis, et les policiers renonçant à donner l'assaut.

"La décision de remettre Aurore Martin aux autorités espagnoles a été celle de la justice", explique Manuel Valls. Indiquant n'être "jamais" intervenu dans ce dossier, le minitre précise qu'il a "simplement été informé de son arrestation après la prise en charge par la police judiciaire. Il s’agit d’une décision de justice dans laquelle, en tant que ministre de l’Intérieur, je n’avais évidemment pas à intervenir".

La souveraineté de la France

La militante basque, âgée de 33 ans, a été arrêtée jeudi à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) puis remise dans la foulée aux autorités espagnoles. Incarcérée près de Madrid, elle encourt jusqu'à douze ans de prison en Espagne pour des "faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme". Aurore Martin est membre du parti Batasuna, légal en France, mais illégal en Espagne, où il est considéré comme le bras politique de l'organisation séparatiste basque ETA. Mis en place il y a dix ans, le MAE remplace et facilite le système d’extradition entre les Etats membres de l'Union européenne. Problème : selon le Syndicat des avocats de France (SAF) : "La mise en œuvre du mandat d’arrêt européen (…) peut avoir pour conséquence de violer la souveraineté nationale." En effet, "les faits reprochés à Aurore Martin ne peuvent constituer des actes de terrorisme et ne sont pas punissables en France", expliquait vendredi le SAF.

"Dans nos sociétés démocratiques, il n’y a pas de place pour des actes et des discours de violence, répond Manuel Valls lundi. Le fait que Batasuna ne soit pas interdit en France n’a aucune incidence sur l’application de la légalité européenne. On ne peut avoir aucune complaisance à l’égard d’une personne qui a soutenu ETA. L’Espagne n’est pas une dictature, c’est un Etat souverain et démocratique. Nous ne sommes pas dans le cadre d’un délit d’opinion. Aurore Martin a exprimé son soutien à des membres d’ETA, une organisation terroriste."  "D'une manière générale, nous ne cesserons pas de coopérer avec l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne lorsqu'il s'agit de terrorisme", a ajouté Manuel Valls.

La colère des élus

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a affirmé lundi sur Europe 1 qu'il ne "comprend pas comment des parlementaires peuvent mettre en doute la justice" après l'extradition de la militante basque. Interrogé sur les critiques d'élus basques français qui ont affiché leur scepticisme dimanche après ses propos démentant toute intervention dans l'extradition d'Aurore Martin, le ministre de l'Intérieur a dit que "ces mots étaient bien excessifs". Ainsi Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, avait fustigé un "mensonge d'Etat", disant ne "pas croire qu'il (Manuel Valls) n'est pour rien dans cette arrestation"

Pour le ministre de l'Intérieur, ces critiques "traduisent une méconnaissance totale de nos institutions et une véritable mauvaise foi". "Des élus ne peuvent pas demander que la loi ne s’applique pas, ni s’accommoder avec le droit."

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