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Délinquance des mineurs : Nicole Belloubet veut instaurer un seuil d'irresponsabilité pénale à 13 ans

La ministre présente sa réforme de la justice des mineurs dans un entretien à "La Croix".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, le 17 avril 2019 à l'Elysée. (MARIE MAGNIN / HANS LUCAS / AFP)

La garde des Sceaux Nicole Belloubet, qui a engagé une réforme de la justice des mineurs, veut établir un seuil d'irresponsabilité pénale à 13 ans, annonce-t-elle dans un entretien au journal La Croix publié jeudi 13 juin. 

Je propose de ne plus poursuivre les délinquants de moins de 13 ans en instaurant, en deçà de cet âge, une 'présomption d'irresponsabilité'.

Nicole Belloubet

dans "La Croix"

Actuellement, rappelle la ministre de la Justice, "un auteur d'infraction de moins de 13 ans écope d'une mesure éducative si le juge le considère comme capable de 'discernement'". Nicole Belloubet propose donc d'abroger ce dispositif. Environ 2 000 jeunes de moins de 13 ans font l'objet de poursuites chaque année, selon le ministère.

Un seuil qui "ne doit pas être rigide"

L'absence de poursuites pénales contre ces mineurs "ne signifie pas pour autant la négation de son acte ni des dégâts qu'il a causés", souligne Nicole Belloubet. Les victimes pourront être indemnisées au civil alors que les enfants concernés "seront pris en charge dans le cadre d'une procédure d'assistance éducative judiciaire".

La ministre précise cependant que ce seuil de 13 ans "ne doit pas être rigide pour que les magistrats puissent toujours apprécier la situation au cas par cas". L'instauration de cette irresponsabilité pénale permettrait de répondre à plusieurs conventions internationales, dont la Convention internationale des droits de l'enfant, qui exigent que soit retenu un âge butoir.

Des décisions "en deux temps" pour les délinquants

Par ailleurs, Nicole Belloubet propose, pour répondre de "manière plus adaptée et rapide" à la délinquance des mineurs, d'instaurer "une nouvelle procédure en deux temps". Il y aura dans un premier temps, "dans les semaines qui suivent l'infraction", "la reconnaissance de culpabilité du jeune". Puis interviendra, plus tard, "le prononcé de la sanction"

Le juge pourra apprécier le comportement [du mineur] pendant cette mise à l'épreuve éducative et en tenir compte dans le prononcé de la peine.

Nicole Belloubet

dans "La Croix"

L'objectif de cette césure est de "réduire de moitié" les délais de jugement, qui sont de près de 18 mois actuellement. Selon la ministre de la Justice, l'avant-projet sera soumis "dans les prochains jours aux professionnels pour concertation", puis il sera examiné au Conseil d'Etat. Le texte sera ensuite présenté en Conseil des ministres autour du 15 septembre.

"Il n'entrera en vigueur qu'après un délai d'un an pour laisser le temps du débat au Parlement afin de permettre aux parlementaires qui le souhaiteraient de l'amender", promet Nicole Belloubet, qui souligne que plusieurs de ses prédécesseurs ont "buté" sur cette réforme. L'annonce surprise en novembre d'une réforme de la justice des mineurs par ordonnances avait provoqué une levée de boucliers des professionnels, qui dénonçaient un coup de force.

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