Affaire Karachi : Nicolas Sarkozy de nouveau mis en cause
Un ex-haut fonctionnaire affirme que le président de la République, alors ministre du Budget, avait validé la création d'un société servant à payer des intermédiaires dans des contrats d'armement.
L'affaire Karachi n'en finit pas de rebondir. Selon Libération, Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget du gouvernement Balladur, aurait validé un montage financier lié à des ventes d'armes au Pakistan. Des informations tirées de procès-verbaux, qui contredisent la défense du Président de la république. Dans le même temps, Le Monde affirme que des fonds secrets ont bien été mobilisés pour financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995. FTVi fait le point sur les dernières révélations de cette affaire à tiroirs.
Quelles révélations ?
Entendu en décembre, un ex-haut fonctionnaire du ministère de la Défense a confirmé que Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget en 1994, avait validé la création d'une société luxembourgeoise baptisée Heine. Elle aurait servi à recevoir les commissions destinées à payer des intermédiaires dans des contrats d'armement, comme Ziad Takieddine.
Le quotidien s'appuie sur un procès-verbal d'audition du 2 décembre, devant le juge Renaud Van Ruymbeke, de Gérard-Philippe Menayas. Cet ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense est aussi l'ex-directeur administratif et financier de la DCNI, branche internationale de la Direction des constructions navales qui a vendu en 1994 au Pakistan des sous-marins de type Agosta.
Dans le volet financier de cette affaire, les juges tentent de déterminer si des rétrocommissions, alimentées grâce à l'intervention d'intermédiaires rémunérés par des commissions dans les contrats Agosta (avec le Pakistan) et Sawari II (avec l'Arabie saoudite), ont pu financer la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur.
Dans le même temps, Le Monde publie le témoignage de Frédéric Aucher, le secrétaire général de campagne d'Edouard Balladur lors de la campagne de 1995. Cet ancien gendarme et militant RPR de longue date a expliqué aux enquêteurs de la division nationale d'investigations financières et fiscales (DNIF) qu'il a été rémunéré pour ce poste via des fonds spéciaux. Ceux-ci ont été mis à la disposition du Premier ministre et candidat à la présidentielle, Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était alors le porte-parole.
En quoi ces révélations entament la ligne de défense de Nicolas Sarkozy ?
Jusqu'à présent, cette affaire a été qualifiée de "fable" par Nicolas Sarkozy. Pourtant, le nom du chef de l'Etat, ministre du Budget d'Edouard Balladur entre 1993 et 1995, ne cesse de revenir au fil des auditions.
Interrogé sur la création la société offshore Heine, utilisée par la DCNI pour verser des commissions - qui étaient légales jusqu'en 2000 - à des intermédiaires dans des contrats d'armement, Gérard-Philippe Menayas répond, selon le PV cité par Libération : "Il est clair que le ministère du Budget a nécessairement donné son accord pour la création de Heine (...) Vu l’importance du sujet, cette décision ne pouvait être prise qu’au niveau du cabinet du ministre."
Pourtant, en 2010, Nicolas Sarkozy niait avoir eu conaissance de ces ventes : "Je ne suis pas au courant de sous-marins [...]. En tant que ministre du Budget, je n'ai jamais eu à en connaître [l'existence] ni de près ni de loin", expliquait le Président de la république à des journalistes en novembre 2010.
Cette ligne de défense a déjà été entamée par un rapport de la police luxembourgeoise de janvier 2010. Celui-ci a mis au jour le fait que Nicolas Sarkozy, ministre du Budget de 1993 à 1995, avait donné son accord à la création de Heine. Un document chronologique, non daté ni signé, saisi par la police à la DCN, évoque les circonstances de la création de Heine, mentionnant l'aval de Nicolas Bazire, directeur du cabinet du Premier ministre de l'époque Edouard Balladur, et de Nicolas Sarkozy.
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