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Affaire Bettencourt : Nicolas Sarkozy entendu par le juge

Nicolas Sarkozy dans le bureau du juge Gentil, à Bordeaux. L'ancien chef de l'Etat va être entendu en vue d'une mise en examen, dans un volet de l'affaire Bettencourt : le juge enquête sur un financement présumé illicite de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Article rédigé par Elodie Guéguen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Maxppp)

Quels soupçons sur le financement de la campagne de 2007 ? Le juge semble certain que Nicolas Sarkozy a bénéficié d'argent en espèces du couple Bettencourt. Deux hommes auraient pu jouer les intermédiaires : Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt ; et Eric Woerth,  le trésorier de la campagne présidentielle de l'UMP. Tous les deux sont mis en examen dans ce dossier. Le juge Gentil soupçonne des remises en espèces, par exemple les 18 et 31 janvier 2007, mais aussi entre les deux tours de l'élection présidentielle.

Comment réagit le clan Sarkozy quand l'affaire Bettencourt éclate ? Le juge semble avoir la conviction qu'à ce moment-là, un vent de panique a soufflé à l'Elysée. La brouille entre une mère et sa fille pouvait devenir un scandale d'Etat, et Nicolas Sarkozy aurait suivi cette affaire comme du lait sur le feu.
Nous sommes fin 2007, Françoise Meyers Bettencourt est persuadée que sa mère Liliane se fait abuser par le photographe François-Marie Banier, qu'il profite de sa vulnérabilité pour lui extorquer de l'argent.
La vieille dame lui a promis l'équivalent d'un milliard d'euros.

Françoise Meyers dépose plainte pour "abus de faiblesse", mais le procureur de Nanterre Philippe Courroye décide dans un premier temps de classer cette plainte.

 

Quel rôle Philippe Courroye a-t-il joué ? Philippe Courroye, grand ami de Nicolas Sarkozy, aurait-il pris ses ordres à l'Elysée ? Le juge Gentil estime qu'il existe un faisceau d'indices le laissant penser. Il y a d'abord les enregistrements clandestins réalisés chez Liliane Bettencourt par son ancien majordome : on y entend Patrice de Maistre raconter qu'il rencontre souvent le conseiller justice de l'Elysée, et que le président de la République lui-même suit cette affaire de très près, en lien avec le procureur  de Nanterre.
Second élément troublant : plusieurs rendez vous de Philippe Courroye avec Nicolas Sarkozy au cours de l'enquête. Le juge Gentil a trouvé la trace de huit rencontres mentionnées sur les agendas de l'ancien président lorsqu'il a fait perquisitionner cet été son  bureau et son domicile.

Nicolas Sarkozy risque-t-il de se retrouver un jour au tribunal pour cette affaire Bettencourt ? C'est peu probable, car le juge Gentil ne détiendrait pas de preuve formelle, incontestable, d'un financement illicite de l'UMP. S'il a malgré tout voulu cette audition de l'ancien chef de l'Etat, c'est en quelque sorte pour l'exemple, pour l'image qu'il en restera. Mais aussi parce que le juge Gentil s'apprête à boucler cette affaire, et devrait quitter le tribunal de Bordeaux en début d'année prochaine.

Le financement politique présumé n'est qu'un des volets de l'affaire Bettencourt. D'autres enquêtes sont en cours, pour fraude fiscale, atteinte à la vie privée, trafic d'influence... Sans oublier la première procédure, celle qui est à l'origine de tout : la plainte pour "abus de faiblesse" déposée à l'encontre de François-Marie Banier.

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