Ce que l'on sait (et ce que l'on ne sait pas encore) sur les "rumeurs" de harcèlement sexuel visant Nicolas Hulot
Le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a démenti sur BFMTV des rumeurs "ignominieuses" de harcèlement sexuel qui le viseraient.
Jeudi 8 février, aux alentours de 8h30. Difficile de comprendre de quoi parlent Jean-Jacques Bourdin et son invité, Nicolas Hulot. Sur le plateau de BFMTV, le journaliste interroge le ministre de la Transition écologique sur une enquête dont la publication est annoncée pour le lendemain, dans le cinquième numéro d'Ebdo, un jeune magazine d'actualité. Une affaire de harcèlement sexuel ? D'agression sexuelle ? Le ministre dément fermement. Mais de quoi s'agit-il ? Voici ce que l'on sait de cette affaire qui, deux semaines après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour viol à l'encontre du ministre du Budget, Gérald Darmanin, vient secouer le gouvernement.
Ce que l'on sait
Des rumeurs qui circulent. Le ministre de la Transition écologique a vivement réagi jeudi sur BFMTV au sujet de rumeurs "ignominieuses" de harcèlement sexuel qui le viseraient. Elles sont évoquées publiquement pour la première fois le 1er février, sur le plateau de CNews, par le journaliste Pascal Praud. "Il y avait une rumeur qui courait hier dans toutes les rédactions qui vise une personnalité extrêmement importante du monde politique avec des informations qui devaient, pourraient, sortir dans la presse, explique-t-il, alors que le débat portait sur l'affaire Darmanin. J'emploie à dessein le mot 'rumeur' car ça peut-être une 'rumeur urbaine' comme on dit parfois."
Un démenti de Nicolas Hulot. Une semaine après, le ministre de la Transition écologique dément donc ces "rumeurs" sur le plateau de BFMTV. Il cite deux "affaires qui n'en sont pas". "Ça fait mal, quand c'est injuste, quand c'est infondé, car moi hier on a fait pleurer mes enfants", dénonce-t-il, évoquant des accusations "ignominieuses, inqualifiables, qui me mettent dans une rage folle". S'il se sentait depuis des mois "traqué par une meute invisible", avec des "insinuations" sur son patrimoine notamment, "là on change de registre, on franchit la ligne rouge", dit-il.
Une plainte datant de 2008. Dans son édition à paraître vendredi, Ebdo, que franceinfo a pu consulter, révèle qu'un procès verbal a été dressé à l'encontre du ministre, en 2008. La plaignante est issue d'une grande famille de la politique française. Selon le magazine, "Nicolas Hulot aurait abusé d’elle durant l’été 1997". La jeune femme, alors agée de 20 ans, attend la fin de la prescription des faits, en 2008, pour se présenter à la gendarmerie. "Mon but n’était pas de le faire juger, mais de le mettre devant sa conscience", confie-t-elle aux journalistes d'Ebdo. Selon eux, Nicolas Hulot est interrogé et un procès-verbal est dressé le 16 août. "Lors de cette procédure, j’ai clairement et fermement contesté l’ensemble des termes de la plainte", confirme l'ancien présentateur télé à l'hebdomadaire. "Le parquet de Saint-Malo classe l’affaire sans suite le 3 novembre", écrit Ebdo. "Cette plainte a été classée sans suite car non seulement l'affaire était prescrite, mais j'ai été auditionné par les gendarmes à ma demande, et les enquêteurs ont très rapidement considéré qu'il n'y avait rien qui permettait de poursuivre cette affaire", se défend Nicolas Hulot sur BFMTV.
Le soutien du gouvernement. A Matignon, on soutient le ministre de la Transition écologique. Un communiqué est envoyé à la presse dans la matinée, peu de temps après l'interview. "Nicolas Hulot s’est exprimé avec sincérité et émotion sur les rumeurs dont il est l’objet depuis plusieurs jours. Ses explications ont été claires, précises, et nous n’avons aucune raison de douter de sa parole. Comme il l’a rappelé, la justice s’est prononcée", indiquent les services du Premier ministre. Et de préciser qu'Edouard Philippe a ainsi transmis à Nicolas Hulot "un message de soutien dans cette épreuve qui l’affecte, lui et sa famille".
L'Elysée écarte toute démission. En l'absence d'une mise en examen, l'Elysée a écarté jeudi toute démission du ministre de la Transition écologique. "Il y a une jurisprudence clairement établie par le Premier ministre en direction de l'ensemble de son gouvernement, en accord avec le président de la République, qui est que tant qu'il n'y a pas de mise en examen, il n'y a pas de raison qu'une démission soit évoquée", a précisé à la presse l'entourage du chef de l'Etat.
La Fondation pour la Nature et l'homme réagit. "Pendant plus de 25 ans (...), la FNH n'a eu connaissance d'aucun agisssement répréhensible ou conduite inappropriée de la part de Nicolas Hulot", écrit l'ancienne Fondation Nicolas Hulot, rebaptisée Fondation pour la Nature et l'homme, après l'entrée au gouvernement de Nicolas Hulot.
Notre réaction suite aux allégations concernant Nicolas Hulot https://t.co/1FkBLjYSf3 pic.twitter.com/wl6S7r66kp
— FNH (@FondationNH) 8 février 2018
Ce que l'on ne sait pas
Que contient le procès verbal de 2008 ? Si Nicolas Hulot confirme le dépôt d'une plainte en 2008, ni lui, ni Ebdo ne précisent quelles étaient précisément les accusations portées par la plaignante. L'enquête du magazine relève une "difficulté à prononcer le mot 'viol'", de la part de l'accusatrice, qui préfère parler "d'acte sous contrainte", selon son père, interrogé par le magazine. "Cette déposition, le témoignage de la jeune femme sur procès-verbal, reste une épée de Damoclès" au-dessus de la tête de l'homme politique, écrit Ebdo, indiquant que la plaignante n'a pas souhaité révéler davantage de détail sur cette "vieille cicatrice".
Une autre affaire ? Le magazine Ebdo évoque par ailleurs une autre affaire, concernant cette fois une des anciennes collaboratrices du ministre au sein de la Fondation Nicolas Hulot. Entendue dans le cadre de l'enquête sur les accusations à l'encontre de Denis Baupin, cette dernière aurait déclaré aux enquêteurs avoir "connu des faits de harcèlement sexuel dans un emploi précédent, où l’auteur avait sous-entendu que c’est [elle] qui [avait] essayé de le séduire, [la] culpabilisant", révèle l'hebdomadaire. Joint par Ebdo, la jeune femme dément qu'il s'agit de Nicolas Hulot. Par ailleurs, cette ancienne collaboratrice n'a jamais porté plainte contre lui.
Un accord de confidentialité dans cette autre affaire ? Nous ne savons pas quelles sont les preuves matérielles qui ont été présentées au ministre par les journalistes qui ont enquêté sur ses relations avec cette ancienne collaboratrice. "La semaine dernière, on m'a dit : 'Nous avons entre les mains un accord de confidentialité'. On m'a même rajouté : 'Vous avez fait un chèque'. J'ai dit : 'Je vous en prie, amenez-le moi'. Et elle a dit la même chose : on sera curieux de le voir", a répondu Nicolas Hulot sur BFMTV.
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