Le pape François "demande pardon" pour les "dommages causés" par des prêtres pédophiles
Son prédécesseur, le pape Benoît XVI, avait déjà personnellement demandé pardon. L'aboutissement d'une longue prise de conscience, qui a débuté en 2000.
Le pape François a "demandé pardon" vendredi, au nom de l'Eglise catholique et pour la première fois depuis son élection, pour les "dommages causés" à des enfants par des prêtres pédophiles. Le souverain pontife s'est exprimé, vendredi 11 avril, au Vatican, où il a reçu le Bureau catholique international de l'enfance (BICE).
"Je me sens dans l'obligation d'assumer tout le mal commis par quelques prêtres, un petit nombre au regard de tous les prêtres, et de demander personnellement pardon pour les dommages qu'ils ont causés en abusant sexuellement d'enfants", a déclaré le pape François.
Francetv info revient sur une lente mais réelle prise de conscience de la part des autorités catholiques, secouées par de nombreux scandales.
Début des années 2000 : la prise du conscience
En France, dix religieux catholiques mis en examen, un abbé condamné pour viol et un évêque pour non-dénonciation. A Boston (Etats-Unis), 80 prêtres accusés d'attouchements, etc. A l'aube des années 2000, plusieurs scandales de pédophilie éclatent aux Etat-Unis et en Europe, liste Le Nouvel Obs. Ainsi, le pape Jean Paul II déclare, en 2002, qu'il n'y a "pas de place dans la prêtrise ni dans la vie religieuse pour ceux qui font ou feraient du mal aux jeunes gens", rapportait alors RFI. Au Vatican, le souverain pontife réunit des évêques afin de répondre à cette crise qui mine alors la crédibilité de l'Eglise.
Les initiatives qui en découlent restent largement symboliques, mais témoignent d'une prise de conscience. Ainsi, l'Eglise catholique américaine édite en 2002 une Charte pour la protection des enfants et des jeunes, tandis que l'Eglise catholique de France édite une première brochure, intitulée Lutter contre la pédophilie. Ces objectifs : "Que cette condamnation inconditionnelle soit connue de tous", "expliquer le phénomène de la pédophilie" et "favoriser la prévention".
En 2009-2010 : scandales et excuses officielles
Pour la première fois de manière explicite, un pape, Benoît XVI, évoque en juin 2010, les "péchés des prêtres, en particulier à l'égard des petits" et fustige "les comportements indignes de la vie sacerdotale", relate Le Monde.fr. Il demande alors "pardon avec insistance à Dieu et aux personnes impliquées", estimant que ces "évènements" obligent l'Eglise à "un devoir de purification".
Ces déclarations interviennent après une série de scandales, révélés l'année précédente. L'année 2009 a notamment été marquée par la publication du rapport Ryan-Murphy traitant d'abus massifs commis dans des institutions catholiques irlandaises entre les années 1930 et les années 1990 : il estimait qu'environ 11 000 enfants y avaient fait l'objet de sévices. "Comme vous, j'ai été profondément bouleversé par les nouvelles apparues concernant l'abus d'enfants et de jeunes vulnérables par des membres de l'Eglise en Irlande, en particulier par des prêtres et des religieux", avait écrit Benoît XVI en mars 2010 dans une lettre pastorale aux catholiques d'Irlande, deux mois avant sa déclaration historique sur le parvis de la place Saint-Pierre, à l'occasion de la messe de clôture de l'année sacerdotale.
En 2012 : un symposium à Rome, contre la pédophilie
En mai 2011, tous les épiscopats se voit accorder un an pour mettre leurs dispositifs de lutte contre la pédophilie en conformité avec les exigences du Vatican, et collaborer avec la justice civile. Surtout, l'année suivante, évêques et experts se réunissent au symposium de Rome sur la pédophilie. A cette occasion, ils reconnaissent les graves lacunes de formation affective des prêtres, et préconise une sélection rigoureuse ainsi qu'une solide "formation humaine" pour éviter la répétition des abus sur mineurs, écrit Le Parisien.fr.
L'Eglise est alors censée opérer une petite révolution, allant vers des actions plus concrètes, jusqu'à la création d'un portail d'enseignement à distance (e-learning) pour lutter contre la pédophilie, avait indiqué 01Net.com.
2014 : des excuses et une commission spéciale
Devant le Bureau catholique international de l'enfance (BICE), le pape François a, à son tour, "demandé pardon" vendredi au nom de l'Eglise catholique. Il avait notamment été très critiqué par des groupes de victimes de prêtres pédophiles pour ne pas avoir adopté une position suffisamment ferme sur cette question. Ils lui reprochent aussi de ne pas avoir reçu de victimes d'abus sexuels en Italie ou lors de son déplacement au Brésil, en juillet 2013.
"L'Eglise a conscience de ces dégâts, de ces dégâts personnels et moraux causés par des hommes d'Eglise, et nous ne reculerons pas d'un pas en ce qui concerne la manière dont nous traiterons ce problème et les sanctions qui devront être imposées, a-t-il poursuivi, selon une transcription de son discours fournie par Radio-Vatican. Bien au contraire, a-t-il ajouté, nous devons être encore plus forts. Parce qu'on ne peut pas toucher à des enfants."
Ainsi, le Vatican a créé en mars 2014 une commission pour la protection de l'enfance. Seule instance dans laquelle travailleront des femmes non-religieuses, elle est "chargée de dessiner la nouvelle stratégie de lutte contre les abus sexuels commis dans l'Eglise catholique contre des mineurs", explique le blog du Monde.fr Digne de foi.
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