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Qu'est-ce que l'euthanasie, suicide assisté, laisser-mourir ?

Le rapport du professeur Didier Sicard, rendu mardi, réaffirme la possibilité du "laisser-mourir" et ouvre la voie à l'assistance au suicide, mais refuse l'euthanasie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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"Kit suicide" utilisé par l'association suisse Exit, qui fournit sur demande des substances létales aux malades incurables. (STEFAN WERMUTH / REUTERS)

Le comité dirigé par le professeur Didier Sicard, qui a rendu mardi 18 décembre son rapport sur l'assistance à la fin de vie à François Hollande, dit "non" à l'euthanasie, "peut-être" au suicide assisté, et conforte la possibilité du laisser-mourir, ce que certains appellent "l'euthanasie passive". S'il n'est pas toujours facile de s'y retrouver, les différences entre ces dispositifs sont importantes sur le plan légal et humain. 

L'euthanasie

La définition. L'euthanasie désigne un acte médical "consistant à ménager une mort sans souffrance à un malade atteint d'une affection incurable entraînant des douleurs intolérables", explique le LaroussePar définition, elle est donc effectuée par un tiers.

Les pays qui l'autorisent. L'euthanasie est interdite en France et le rapport Sicard ne préconise pas de légaliser cet acte qui "interrompt soudainement et prématurément la vie". Notre carte indique quelles pratiques sont autorisées dans les différents pays européens. Les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg sont les seuls pays à l'autoriser à l'heure actuelle, sous certains conditions. Seuls les patients endurant des souffrances insupportables et atteints de maladies incurables peuvent en bénéficier. Au moins deux médecins doivent être consultés et le patient doit formuler sa demande de manière réfléchie et répétée, libre de toute contrainte. 

L'assistance au suicide

La définition. A ne pas confondre avec l'euthanasie, l'assistance au suicide désigne un processus "où l'acte létal est accompli par la personne malade elle-même", souligne le rapport Sicard, cité par La Croix. Concrètement, il s'agit pour le médecin de fournir au patient les substances létales qui l'aideraient à abréger ses souffrances, mais en le laissant effectuer le geste final.

Les pays qui l'autorisent. Outre les pays du Benelux, la Suisse autorise explicitement l'assistance au suicide. La personne assistant le patient souhaitant mourir ne doit pas avoir de "mobile égoïste" (héritage, etc.). Au Royaume-Uni, elle est officiellement interdite mais le ministère de la Justice a émis des recommandations rendant improbables les poursuites dans le cas où un proche a aidé un patient par compassion.

Si la France l'interdit pour l'instant, le rapport Sicard semble ouvrir la possibilité d'une légalisation, expliquant, selon La Croix, que les malades en phase terminale d'une maladie incurable pourraient ainsi "disposer d'un recours ultime".

Le "laisser-mourir"

La définition. Appelée "euthanasie passive" par certains, c'est la forme la mieux acceptée d'assistance à la fin de vie : elle consiste à arrêter les traitements, sur la demande du patient. L'administration de substances destinées à diminuer les douleurs du patient, mais qui peuvent avoir pour conséquence d'accélérer sa mort, entre également dans ce cadre : c'est le cas par exemple pour la sédation profonde, qui permet au patient de ne pas souffrir.

Les pays qui l'autorisent. De nombreux pays permettent le "laisser-mourir" sur demande du patient, dont l'Allemagne, l'Espagne, la Norvège, la Suède, l'Autriche. En France, la loi Léonetti de 2005 l'a légitimé. Elle prévoit notamment (article 2) le cas où "le médecin constate qu'il ne peut soulager la souffrance d'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qu'en lui appliquant un traitement qui peut avoir pour effet secondaire d'abréger sa vie", tout en affirmant qu'il doit en avertir le malade ou, à défaut, ses proches.

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