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Fin de vie : le comité consultatif d'éthique ouvre la voie "de façon prudente" à des évolutions de la loi, déclare Jean-François Delfraissy

Dans un avis publié mardi, le CCNE s'est dit favorable à une légalisation du suicide assisté sous certaines conditions sticte et plaide également pour le développement des soins palliatifs.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Delfraissy sur franceinfo, mardi 25 janvier 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), invité mercredi 14 septembre sur France Inter, estime que la loi Claeys-Leonetti, qui encadre la fin de vie actuellement en France, "n'est probablement pas suffisamment connue, ni suffisamment appliquée". Mardi, le CCNE a rendu un avis qui juge possible d’aller plus loin, notamment en ouvrant la voie au suicide assisté dans des conditions strictes.

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Des situations "sans sortie possible"

La position du CCNE, c'est de dire, de "façon prudente", "qu'il y a probablement quelques situations rares qui, d'un point de vue éthique, pourraient justifier, voire permettre, d'aller vers une aide active à mourir", explique-t-il. Jean-François Delfraissy parle de situations pour lesquelles "il n'y a plus de sortie possible", comme par exemple les personnes qui sont en "sixième ou septième lignes de chimiothérapie" ou celles qui souffrent de "maladies neurologiques dégénératives" engageant leur pronostic vital "à moyen terme".

Il s'agit donc d'aller plus loin que la loi Claeys-Leonetti qui "apporte déjà une réponse" aux personnes dont le pronostic vital est engagé à court terme, "c’est-à-dire à quelques jours ou une ou deux semaines". Par "moyen terme", le président du CCNE fait référence aux personnes dont le pronostic vital est engagé à "quelques semaines ou quelques mois", mais ne l'est pas à très court terme. Il s'agit de personnes "avec des souffrances parfois physiques, et/ou morales, qu'on peut en partie calmer mais en partie seulement et qui souhaitent, pourraient souhaiter, aller vers une aide médicale, au suicide assisté", précise Jean-François Delfraissy.

Un débat sur l'autonomie et la solidarité

Jean-François Delfraissy considère par ailleurs que la France "n'a pas fait suffisamment d'efforts sur la mise en place des soins palliatifs". Il dénonce le fait qu'un certain nombre de départements français n'ont toujours pas d'unité de soin palliatif et fustige les "disparités" qui existent au sein de grands hôpitaux parisiens sur la prise en charge de ce type de patients.

"Pourquoi faire une loi si on n'a déjà pas l'utilisation et les moyens nécessaires pour appliquer la loi Claeys-Leonetti ?"

Jean-François Delfraissy

à franceinfo

Sur ce sujet "complexe" de la fin de vie, "où tout n'est pas noir ou blanc", il rappelle que le Comité consultatif national d’éthique "n'est pas là pour dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire". "Le CCNE est là comme une sorte de grande boussole", poursuit Jean-François Delfraissy.

Selon lui, le débat sur la fin de vie pose la question plus générale de l'autonomie et de la solidarité. "Est-ce que notre mort nous appartient ou est-ce qu'elle appartient à la société", résume-t-il, précisant qu'un "certain nombre de personnes, au nom de l'autonomie, souhaiteraient pouvoir décider de leur mort, alors que de l'autre côté, au nom de la solidarité, d'autres considèrent qu'il faut protéger les plus fragiles qui peuvent éventuellement changer d'avis", vouloir mourir puis ne plus le vouloir.

"C'est dans cette balance que le CCNE réclame un grand débat national sur le sujet, avec une convention citoyenne et des débats en région", affirme Jean-François Delfraissy. "Prenons le temps de prendre le temps, de prendre le temps de discuter autour de ces sujets", conclut-il.

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