Réforme du lycée professionnel : "C'est de plus d'école dont on a besoin et non pas de plus d'entreprise" dénonce le premier syndicat d'enseignement professionnel

Les syndicats de lycée professionnel ont appelés à la grève mardi pour protester contre la réforme de la voie professionnelle voulue par Emmanuel Macron et plus particulièrement la réorganisation de l'année de terminale.
Article rédigé par franceinfo
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Un élève dans un lycée professionnel dans la Nièvre, mercredi 16 septembre 2020. Photo d'illustration. (PIERRE DESTRADE / MAXPPP)

"C'est de plus d'école dont on a besoin et non pas de plus d'entreprise", dénonce Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO, le Syndicat national de l'enseignement technique action autonome, premier syndicat de l'enseignement professionnel, alors que près de 40-50% à effectifs sont en grève mardi 12 décembre selon les syndicats, moins de 11% selon le ministère de l'Éducation nationale.

Les principaux syndicats de la voie professionnelle ont appelé une "mobilisation d'ampleur" pour "exiger le retrait" de la réforme du lycée professionnel et protester contre des mesures prévues pour la classe de terminale, qui doivent entrer en vigueur l'année prochaine. Elles prévoient notamment une période plus longue en stage en entreprise, et avec donc moins de cours en classe.

franceinfo : Pourquoi le renforcement des stages dans la voie professionnelle ne vous semble-t-il pas pertinent ?

Pascal Vivier : Ce que le gouvernement ne fait pas, semble-t-il, c'est se coller à la réalité. Nos élèves sont en grande difficulté scolaire et sont souvent orientés en lycée professionnel parce qu'au collège, ils étaient en difficulté en français, en mathématiques, en histoire-géographie. Nous devons leur donner ces bases minimales pour pouvoir s'en sortir dans leur métier.

Nous travaillons avec les petits commerçants, les artisans, les PME, les PMI dans lesquelles nous inscrivons nos élèves pendant plus de cinq mois. Et pendant ces cinq mois, aucun des professionnels ne nous dit qu'on envoie des jeunes non qualifiés ou incapables de pouvoir assurer ce métier. En revanche, ils nous disent : "Vous nous envoyez des jeunes qui ont des difficultés de compréhension, des difficultés d'initiative, des bases scolaires minimales qu'ils n'ont pas." Et c'est donc de plus d'école dont on a besoin et non pas de plus d'entreprise.

La réforme propose en fin de cursus six semaines de stage ou six semaines de cours, selon vous, plus de stage, ça ne sert à rien, l'intégration professionnelle est suffisante ?

Cinq mois de stage, c'est déjà beaucoup ! Faire croire qu'en six semaines, on va rattraper les retards accumulés pendant 18 ans de scolarité sur les six dernières semaines, c'est se mettre le doigt dans l'œil.

Certains, malgré les lacunes scolaires, peuvent aussi avoir envie de poursuivre en étude supérieure, en ont-ils la possibilité ?

Ce n'est pas "certains" ! L'année dernière, 87% des bacheliers professionnels ont participé à Parcoursup, c'est-à-dire qu'ils voulaient poursuivre majoritairement en BTS alors que, nous n'avons absolument pas créé de nouvelles places en BTS. Donc ces jeunes majoritairement veulent poursuivre pour une raison : ils ne redoublent plus. Ils arrivent à l'heure au bac, c'est-à-dire entre 16 et 18 ans et entre 16 et 18 ans, vous ne faites rêver personne à l'usine. Donc, c'est évident que nous devons imaginer un cursus plus long en enseignement supérieur pour ces jeunes qui veulent s'y destiner.

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