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Lille : après le suicide d'une lycéenne transgenre, le rectorat défend l'établissement

Une cellule d'écoute psychologique a été déployée pour les élèves et le personnel, et des "conseillers vie scolaire" se rendront vendredi dans l'établissement.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'entrée du lycée Fénelon de Lille (Nord), le 2 octobre 2014. (MAXPPP)

Le rectorat a fait part, jeudi 17 décembre, du suicide "d'un" lycéen de Lille en passe "de changer d'identité sexuelle". "Valérie Cabuil, rectrice de l'académie de Lille, a appris avec beaucoup de tristesse qu'un élève de terminale du lycée Fénelon de Lille a mis fin à ses jours au sein de son foyer d'accueil mercredi, écrit le rectorat dans un communiqué. Cet évènement dramatique bouleverse l'ensemble de la communauté éducative."

Le lycée Fénelon "a été informé du cheminement de l'élève et de sa volonté de changer d'identité sexuelle. L'élève, qui se trouvait dans un contexte personnel complexe, était accompagné dans sa démarche par l'équipe éducative de son foyer et de son établissement scolaire", assure la rectrice.

Vidéo virale

Cette mise au point survient après un emballement des réseaux sociaux mettant en cause la responsabilité de l'équipe pédagogique. Une série de tweets signés du nom d'une femme se présentant comme "autrice militante, poète pyromane" est devenue virale. Elle affirme que cette "lycéenne trans" de 17 ans, avait été "humiliée" et "psychologiquement agressée" par une membre de l'équipe pédagogique. Elle aurait été renvoyée chez elle le 2 décembre car elle portait une jupe.

Des internautes ont également relayé une vidéo, diffusée sur Snapchat et apparemment filmée par la lycéenne, où l'on entend une voix féminine évoquer des problèmes posés par sa tenue, sur un ton sec. L'adulte y dit : "Je comprends ton envie d’être toi-même (…) tout ça, c’est fait pour t’accompagner au mieux, c’est ça que tu ne comprends pas. Parce qu’il y a des sensibilités qui ne sont pas les mêmes, à différents âges (…) des éducations qui ne sont pas les mêmes." "Mais c’est eux qu’on doit éduquer, pas moi", lance l’élève en pleurs. "Je suis d’accord", répond l’adulte. "Je ne comprends pas où est le problème, je ne comprendrai jamais de toute façon", conclut l'élève.

"D'après l'équipe et la famille, l'affaire était résolue"

Jean-Yves Guéant, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves du Nord, a confirmé le renvoi chez elle de l'élève début décembre. Mais "aucun élément, à ce jour", ne permet de lier ces faits au suicide de l'élève "qui vivait par ailleurs dans un foyer de l'ASE" [Aide sociale à l'enfance] et avait d'autres "difficultés".

"Une discussion avait eu lieu" entre l'élève et l'établissement, et "à priori d'après l'équipe et la famille, l'affaire était résolue", a-t-il poursuivi, regrettant la diffusion de la vidéo et mettant en garde contre les "fake news". "Il est très compliqué de comprendre ce qui peut se passer dans la tête d'un jeune qui prend ce genre de décision (...) mais a priori, la responsabilité de l'établissement a été écartée", a-t-il conclu.

Selon plusieurs élèves interrogés par l'AFP, et souhaitant rester anonymes, de nombreux lycéens se sont mobilisés après les événements du 2 décembre. Certains sont venus en jupe et ont collé des affiches dans l'établissement pour dire "non à la transphobie".

"La direction lui avait présenté ses excuses, et depuis quelque temps ça allait mieux, elle se sentait mieux au lycée", a affirmé une élève de terminale. "Elle avait parlé de l'événement à ses amis, ça l'avait affectée, mais je ne pense pas que ce soit ça qui l'ait poussée à l'acte".

Déploiement d'une cellule d'écoute psychologique

Si la vidéo semble authentique, "la direction n'est pas responsable", a estimé un autre élève. L'adolescente "avait d'autres problèmes", liés ou non à son identité, selon lui.

Une cellule d'écoute psychologique a été déployée pour les élèves et le personnel, et des "conseillers vie scolaire" se rendront vendredi dans l'établissement. Selon les élèves interrogés par l'AFP, une minute de silence doit être observée vendredi au lycée.

"J'apprends avec une grande émotion et une profonde tristesse la mort d'une lycéenne transgenre à Lille. Toutes mes pensées vont vers ses proches et ses camarades", a réagi pour sa part dans un tweet la maire PS de Lille, Martine Aubry, jeudi soir.

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