"Qui va garder les enfants ? ". Cette phraselancée par Laurent Fabius en 2007 alors que Ségolène Royal annonce qu'elleenvisage d'être candidate à l'élection présidentielle est un électrochoc pourune génération.Des jeunes trentenaires découvrent alors que l'égalité, cellequ'elles pensaient acquise en partie du moins, est loin d'être vraie dans tousles domaines. En particulier, dans lieux de pouvoir et la politique oùmanifestement les femmes n'ont encore pas leur place comme le met en évidencele déferlement de remarques sexistes concernant la candidate socialiste en2007.Entre 2006 et 2010, elles sont alors nombreuses à sedemander : qu'est-ce que je peux faire pour changer ça ? Association, journaux, collectifs..., en quelques années denombreuses initiatives vont naître.Et parmi ces jeunes féministes, le collectif La Barbe, fondé par ungroupe de quelques amies révoltées notamment par les réactions à la candidaturede Ségolène Royal. L'objectif : investir les lieux de pouvoir par le biais de ce collectif féministe. Concrètement qu'est ce que celasignifie ? Ilana, étudiante de 24 ans, nous l'explique." Il faut que les hommes puissent se voir à travers l'image qu'on leur renvoie en portant ces barbes. Qu'ils puissent se rendre compte de l'entre soi qu'ils cultivent dans les lieux de pouvoir ".Ilana explique aussi que ces féministes qui font peur àcertains ont en leur temps manier l'humour. L'une des premières actions du MLFavait été de déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu en rappelantqu'il y a plus inconnu que le soldat : sa femme.Travailler avec les hommes contre le sexismeLa Barbe se revendique de cet héritage qui moque le pouvoir masculin.Tout comme la créatrice de BD Blandine, auteure de La P'tite Blan , et de Soisgentil, tais-toi et dors qui étrille joyeusement les hommes via les échanges sansconcession d'un couple dans l'intimité d'une chambre à coucher. Blandine est àl'écriture et Galou, un homme, illustreses histoires. C'est ensemble qu'ils militent et qu'ils travaillent. Balndine raconte aussi la réaction de certains hommes lorsqu'ils ont lu cette BD. "A une femme, on peut faire tout et n'importe quoi de son corps de son apparence. Mais que mon personnage masculin soit malmené par sa compagne, pour certains hommes, c'est insupportale. On touche à leur virilité. C'est tabou ."Dans le même esprit et face aux mêmes difficultés, desannées après le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), les médias sont encore rétifs à laisser s'exprimer les féministes.La presse dite féminine fait régulièrement des sujets sur le féminisme mais lessommaires traitent plus souvent de mode et de beauté que d'inégalitéssalariales.Le féminisme 2.0C'est sur ce constat que nait le magazine Causette en 2009.Avec une petite équipe et les moyens du bord, "le journal plus féminin ducerveau que du capiton ", comme il se revendique, va rapidement connaître lesuccès via Internet et les réseaux sociaux. Le buzz se fait autour de cenouveau média.Unmoyen efficace de contourner les systèmes promotionnels et médiatiquestraditionnels. Comme l'ont fait lesfondatrices d'Osez le féminisme . Caroline de Haas, désormais conseillère auprèsde Najat Vallaud-Belkacem, constate que la demande existe mais qu'il fautcontourner les médias traditionnels.Le féminisme 2.0 est né. Osez le féminisme se développe. Etl'une des revendications du mouvement, la création d'un ministère des droits des femmes, devient une réalité avec l'élection de François Hollande. "J'ai l'impression que les choses avancent, explique Caroline de Haas. Même s'il est toujours plus consensuel de parler d'égalité que de féminisme. "Et dans les faits, malgré cette nouvelle génération de militantes, les inégalités persistent et rapidement les nouveaux mouvementssont confrontés aux mêmes blocages dans la société. Alors que faut-il faire ?Le corps, nouvelle arme du combat féministeDepuisquelques mois, les féministes venus d'Ukraine, les Femen revendiquent unféminisme d'un nouveau genre, le "sexetrèmisme". Sein nus, des slogans rouges surle buste, elles entrent dans les lieux où elles jugent que le sexisme s'exprimele plus violemment pour le dénoncer. Pour certaines d'entre elles, comme Inna,se mettre à moitié nue a été difficile. Pour Okxana, pas de doute, la finjustifie les moyens.Se servir de leur corps, se le réapproprier pour en faire unearme. Une démarche qui ne fait pas l'unanimité au sein du mouvement féministequi s'interroge sur la pertinence de ce type d'actions pour faire reculer lesexisme.La lutte contre le sexisme commence à l'écoleUn autre moyen consiste à éduquer les plus jeunes sur cettequestion dès le collège comme l'explique Laëtitia Puertas du Centre audiovisuelSimone de Beauvoir qui anime des ateliers dans les écoles. Tous les jours, elle constate que sous le vernis du politiquement correct, le machisme est encore bien présent au sein des jeunes générations.Ces mouvements ont donc de beaux jours devant eux. Il faudraencore beaucoup de journées du 8 mars avant que les femmes ne deviennent des hommescomme les autres.