Cet article date de plus de cinq ans.

La femme du jour. Véronique Séhier, co-présidente du planning familial

Chaque jour, Nathalie Bourrus raconte une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre. 

Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Véronique Séhier, co-présidente du planning familial. (NATHALIE BOURRUS / FRANCE-INFO)

Nom : Séhier. Prénom : Véronique. Âge : 65 ans. Métier : retraitée, co-présidente du planning familial.

Pourquoi elle ? Parce que samedi 1er décembre, c'est la Journée mondiale de lutte contre le sida, et que le planning familial a beaucoup communiqué sur le sida et les femmes.

"Parce qu’elles sont la face cachée de l’iceberg, s’insurge Véronique Séhier. Alors que les femmes représentent la moitié des cas de VIH, sur la planète. Et que beaucoup de cas sont dues à des violences sur elles. Et ça, on ne le sait pas assez", dit-elle. 

La femme du jour : Véronique Séhier

Cette femme, d’âge mur, qui a toujours bossé dans l’associatif, a gardé un regard bleu (couleur de ses yeux), et frais sur le monde. Une fraîcheur qui lui permet de mettre, constamment, et sans gêne, les gros sujets sur la table. 

"Même les nouveaux tests VIH sont pratiqués sur des hommes. Jamais sur des femmes. C’est scandaleux cette mise à l’écart."

Scandale. Anormal. Injuste. Aberrant. Autant de mots qui reviennent régulièrement dans la bouche de ce pilier du planning familial. Il y en a un autre, qu’elle assène non-stop.

 "L’Éducation". C’est, me dit-elle, la clé de la lutte contre le Sida. Et c’est la clé du combat contre les violences sexuelles et sexistes pratiquées et vécues.

Véronique Séhier s’est justement empoignée avec le gouvernement, sur le nouveau texte de loi. Elle estime que le paquet n’est pas mis sur l’éducation, qu’on écoute trop les anti, ceux qui pensent qu’on ne doit pas montrer un zizi sur un tableau noir.

"Mais je n’ai jamais pensé qu’il fallait faire ça ! Seulement, à l’âge de 4 ans, on peut apprendre les limites de son corps. Il y a des façons de le faire. A travers le toucher, les gestes gênants, agaçants."

Tout cela, elle l’a appris à ses propres enfants. Trois garçons, qu’elle a eu dans le nord de la France. Cette femme vit à Lille, depuis toujours.

"Non, à Villeneuve d’Ascq", rectifie-t-elle. "Dans le tout premier habitat autogéré locatif. Créé en 1991", dit-elle fièrement.

Véronique, cheftaine du planning familial, également membre du Conseil économique et social, est tombée dedans toute petite. À l’époque, sa propre mère s’était battue pour que les femmes puissent entreprendre. Le combat, une affaire de famille chez Véronique Séhier. D’ailleurs, l’un de ses fils vit dans un écoquartier.

Vous leur avez mis ça dans le biberon, ce n’est pas croyable !

Elle éclate de rire. Son regard bleu et frais fait signe que, oui, les combats se transmettent.

Un mot pour la définir ? Constante. Elle n’a jamais lâché l’affaire. Depuis le jour de ses 20 ans, quand elle a appris qu’une de ses amies s’était fait avorter, dans un hôpital, sur une table de cuisine. 

_____________________________________________________________

Nathalie Bourrus, grand reporter depuis 20 ans à franceinfo, raconte avec sa plume aiguisée et sa voix chaude les tops et les flops, les rires et les larmes d’une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre, du lundi au vendredi à 16h56 et 21h51.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.