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"Les victimes demandent la vérité et la justice" : la nouvelle stratégie du Mexique contre le trafic de drogue

Après un constat d'échec de la lutte militaire contre les trafiquants de drogue, le nouveau président du Mexique lance mardi un dialogue national pour trouver une solution pacifique à la violence des cartels.

Article rédigé par Emmanuelle Steels - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des proches de personnes disparues participent à une manifestation contre la violence à Guadalajara, au Mexique, le 4 mai 2018.  (ULISES RUIZ / AFP)

Le président élu du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, inaugure mardi 7 août des consultations pour la paix à Ciudad Juárez, dans le nord du pays. Ce plan de lutte contre la criminalité - une promesse de campagne - prévoit une paix négociée avec les trafiquants de drogue et une amnistie pour certaines personnes. Les autorités locales, accompagnées d'experts, vont débattre du projet de pacification du président de gauche. Andrés Manuel López Obrador doit entrer en fonction le 1er décembre.

Afin de sortir de la crise, il propose une transition, comme l’explique sa future ministre de l’Intérieur, Olga Sánchez : "Nous sommes immergés dans la violence, dans le sang, dans la corruption et dans l’impunité. C’est pour cela que nous allons mettre les victimes au centre d’un processus de justice transitionnelle."

Un changement de stratégie radical face aux cartels

Le Mexique enregistre les pires indices de criminalité de son histoire récente, avec plus de 28 000 meurtres en 2017, la plupart liés au crime organisé et au règlement de comptes entre cartels. Le nombre de disparus dépasse les 37 000. Le nouveau président part du constat que la lutte contre les narcotrafiquants, confiée à l'armée depuis 12 ans, n'a pas réussi à arrêter le trafic, ni la violence et ne traite pas le problème de la pauvreté.

Les mères des disparus veulent savoir où se trouvent leurs fils.

Olga Sánchez, future ministre de l'Intérieur

à franceinfo

Le plan de López Obrador vise donc tant la justice que la réconciliation. Le cycle de réunions qui débute sera l’occasion d’expliquer cette justice transitionnelle, notamment les commissions de vérité qui seront créées : "Ce que les victimes demandent, c’est la vérité et la justice. En ce sens-là, les commissions de vérité peuvent intervenir pour faire toute la lumière sur ce qu'il s'est passé et apporter une réponse aux victimes", poursuit Olga Sánchez.

Les associations restent dubitatives

Même si elles se disent prêtes à aider López Obrador, les organisations de victimes se montrent sceptiques quant à l’utilité de ces réunions. Yolanda Morán, mère d’un jeune disparu il y a dix ans, pense qu’il ne suffit pas de désirer la paix. Elle affirme que les gouvernements antérieurs ont déjà fait semblant de combattre la violence : "Nous ne voulons pas davantage de simulations et nous ne croyons pas que la paix peut arriver en deux mois. Il ne s’agit pas seulement de montrer de la bonne volonté et de proclamer qu’on va dialoguer avec les criminels."

Comme un pied-de-nez à l'actualité, le week-end du 4 et 5 août a encore été particulièrement sanglant, avec trente morts. Ces réunions itinérantes pour la paix se tiendront jusqu’au mois d’octobre, dans les régions les plus violentes du pays.

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