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Un réseau "hors norme" de blanchiment d'argent démantelé : 27 personnes en correctionnelle

Tous sont soupçonnés d'avoir été impliqués à des degrés divers, entre 2010 et 2014, dans ce réseau international de blanchiment de l'argent de la drogue, dirigé depuis la France.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des voyageurs à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 31 décembre 2012.  (FRED DUFOUR / AFP)

D'après le procureur de Paris, François Molins, il s'agit d'un des plus importants réseaux de blanchiment de l'argent de la drogue "jamais démantelés" en France. Vingt-sept personnes ont été renvoyées en correctionnelle, mardi 24 mars, pour avoir participé à un réseau "hors norme" de blanchiment d'argent de la drogue, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien.

Au total, des dizaines de millions d'euros issus de la vente de cannabis ont été convoyés à Dubaï ou convertis en or en Belgique. Les juges établissent dans leur ordonnance que Sayed Maricar a récupéré de mars 2010 à octobre 2012, près de 109 millions d'euros et de mai 2013 à mars 2014 plus de 10 millions, selon une source proche du dossier.

Une organisation internationale

Selon les enquêteurs, le système était organisé entre l'Europe, le Maroc, les Emirats arabes unis et l'Inde, par le suspect, Sayed Maricar, un Indien de 35 ans résidant en Seine-Saint-Denis, et 26 autres protagonistes français, indiens ou marocains.

Mandaté par des trafiquants au Maroc, un "banquier" chargeait des "collecteurs" en France de rassembler l'argent du trafic de cannabis. Parmi ces "collecteurs" figurent un chauffeur de taxi, un hôtelier parisien, des épiciers des Hauts-de-Seine ou encore le gérant d'une société d'ambulances qui, dans son local professionnel, faisait tourner jour et nuit une machine à compter les billets.

"Ils percevaient une commission de 1% à 2% des fonds collectés. On a affaire à des travailleurs honnêtes qui sont tombés pour l'appât du gain", estime Yassine Yakouti, avocat de l'un des accusés. L'argent était ensuite remis aux équipes de Sayed Maricar, qui le convoyaient jusqu'à Dubaï ou en Belgique où il était converti en or. Le précieux métal était à son tour acheminé aux Emirats arabes unis ou en Inde.

L'or voyageait avec des "mules"

Pour transporter l'or par avion, le réseau recrutait des passagers qui voyageaient avec des bracelets, colliers, bagues... "Ils avaient calculé qu'une personne pouvait transporter en un seul voyage jusqu'à huit kilos", relève une source proche de l'enquête. Transformer l'or en poudre pour le mélanger à du café moulu a également été envisagé, ajoute-t-elle.

Sayed Maricar s'appuyait aussi sur des sociétés qui lui permettaient, via des fausses factures, de justifier le transport d'or. Grâce au trafic, ce chômeur au train de vie modeste en France, envisageait d'acquérir un hôtel de 100 appartements à Dubaï et 44 terrains en Inde où il possédait déjà plusieurs biens. Interpellé en mars 2014, il est depuis placé en détention provisoire. 

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