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D'ex-religieux mobilisés pour une retraite "digne de ce nom"

D'anciens prêtres, religieux et religieuses qui ont quitté l'Eglise étaient rassemblés ce week-end à La Rochelle pour réclamer à l'Eglise une revalorisation de leur retraite. Leur pension, plafonnée à 383 euros mensuels, est deux voire trois fois moins élevée que celle des prêtres retraités.
Article rédigé par Juliette Deborde
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Maxppp)

Ils ont décidé de quitter l'Eglise, pour se marier ou pour exercer
un autre métier. Et aujourd'hui ils en payent le prix : une retraite plafonnée
à 383 euros mensuels, bien en dessous des 875 euros du "minimum
interdiocésain garanti
" réservé aux prêtres retraités restés dans les ordres.

Cette retraite à deux vitesses est dans le
collimateur de l'Association pour une Retraite Convenable (APRC). Depuis sa
création en 1978 par d'anciens prêtres et religieux jusqu'à l'Assemblée générale qui avait
lieu ce week-end à La Rochelle, la revendication de l'APRC n'a pas changé :
que les "partis " ("défroqués ") et les "restés " soient enfin traités sur
un même pied d'égalité.

Bras de fer judiciaire

En fait, seuls les ex-religieux qui ont servi avant 1979,
date à laquelle leurs droits ont été alignés sur ceux des autres assurés
sociaux payés au SMIC, sont concernés. L'objectif de l'APRC : réformer la Cavimac,
la caisse qui gère le régime spécifique de la sécurité sociale du culte et à
laquelle cotisent aussi bien les prêtes que des imams.

Avec plus de 120 procédures en cours, l'association se livre
à une guerre judiciaire avec l'Eglise, pour que soient prises en compte toutes les
années de service de ses 800 membres. Une trentaine de cas ont déjà été gagnés,
parfois même devant les tribunaux de grande instance.

Mesure de rétorsion

Mais l'Eglise fait tout pour retarder les procédures, alors
que la plupart des ex-religieux concernés ont plus de 70 ans. "L'église
sait très bien que nous sommes pour la plupart assez âgés, alors elle joue la
montre, et multiplie les recours en espérant que nous ne pourrons pas suivre
sur le plan financier
", dénonce Jean-Marc Steiger, 80 ans, ex-prêtre.

Comme lui, les anciens religieux ont le sentiment d'être
pris en otage, et de subir les représailles d'une Eglise qui leur fait payer
leur "désertion " au prix d'une retraite misérable.

Des "accusations profondément injustes " selon l'Eglise

Seuls les anciens religieux dont le conjoint reçoit une
pension ou qui ont eux-mêmes même repris une activité réussissent à joindre les
deux bouts. "Heureusement, mon épouse, qui était assistante sociale,
touche une retraite de 1.500 euros mensuels, sinon je ne m'en sortirais
pas
", témoigne Hubert Panneau, 79 ans, prêtre au Mans pendant 35 ans, qui perçoit
seulement 383 euros mensuels.  

Du côté de l'Eglise catholique, on parle d'"accusations
profondément injustes
"."Faire  croire que l'Eglise décide des dispositifs de retraite est
une contre-vérité
", se justifiait-elle dans une note de 2010 sur les retraites.
Si l'institution reconnaît que les pensions portant sur l'avant-1979 sont
"trop faibles ", elle rappelle qu'elle met en place des mécanismes de solidarité
à destination des ex-religieux en difficulté. Mais ce n'est pas assez pour l'APRC,
pas prêt à accepter la charité chrétienne.

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