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Classement des universités : la France cantonnée au bonnet d'âne ?

Comme chaque année, le classement de Shanghai recense les 500 meilleures universités au monde. Renommé mais aussi critiqué, ce palmarès n'est jamais flatteur pour la France. Si la méthode changeait, aurait-elle à y gagner ?

Article rédigé par Floriane Louison
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'université Paris III, Sorbonne Nouvelle. (TIBOR BOGNAR / PHOTONONSTOP / AFP)

FRANCE - Chaque année, les médias français relaient le classement de Shanghai, et chaque année, les critiques à son endroit fusent. Car ce palmarès des 500 meilleures universités au monde n'est pas flatteur pour les établissements hexagonaux : seuls trois figurent dans le top 100. Le premier, Paris-Sud, n'arrive qu'en 37e position, loin derrière les universités Américaines, qui squattent le podium. Maigre consolation : pour certains experts, ce classement ne vaut pas grand-chose. Si on changeait de méthode, les Français pourraient-ils revenir dans le peloton de tête ?

Comment fabrique-t-on le classement de Shanghai ?

En 2003, Nian Cai Liu, professeur de chimie à l'université Jiao Tong de Shanghai (Chine) est chargé de réaliser un classement pour diriger les étudiants chinois vers les meilleurs établissements du monde.

"Faute de moyens, il va au plus simple en ne comptant pour chaque université que des données objectives accessibles sur Internet", comme le nombre de prix Nobel obtenus par ses chercheurs ou celui de leurs publications dans des revues prestigieuses, écrit Le Point.fr. Simple mais efficace : le premier "classement de Shanghai" connaît un succès immédiat et mondial.

Pourquoi est-il critiqué ?

"Il est surprenant de noter que l'Allemagne, la France et l'Italie classent très peu d'établissements dans les 100 ou 200 premiers de ce palmarès", relève dans un communiqué la ministre française de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso. Selon elle, le classement de Shanghai est faussé car il "ignore en grande partie les sciences humaines et sociales". Par exemplele prix Nobel de littérature n'est pas reconnu, et seules les publications dans Science et Nature, deux revues classées "sciences dures", sont prises en compte. Il ignore également "la qualité de l’enseignement et (des) critères comme le taux de réussite des étudiants, leur encadrement…", précise la ministre dans une interview au Monde.fr.

Autre particularité : seules les universités fortunées arrivent en tête du palmarès, car elles ont les moyens de s'offrir les services de professeurs "stars", nobelisés ou incontournables dans leur discipline. Les moins dotées ont du mal à remplir ce critère primordial du classement.

Enfin, les Français déplorent le décompte inéquitable des prix Nobel. "La recherche universitaire française s'effectue en général dans des laboratoires mixtes associant l'université à un organisme comme le CNRS, explique Albert Fert, colauréat du prix Nobel de physique en 2007, dans un article (payant) du Monde.fr. Shanghai attribue alors 50% du bénéfice à l'université et 50% à l'organisme." Mais puisque ces derniers n'apparaissent pas dans le classement, "la moitié du bénéfice du prix ne profite à personne et s'évapore complètement".  En résumé, un prix Nobel français pèse deux fois moins qu'un Américain, par exemple. Le physicien estime qu'"une méthode plus avantageuse amènerait nos universités à être mieux classées".

Changer de méthode pour gagner des places ?

Pour la Conférence des présidents d'universités français, les classements comme celui de Shanghai sont "promis à s’inscrire durablement dans le paysage universitaire". L'association en a donc fait son parti et mène un projet européen de classement multicritères, en partenariat avec son homologue allemande, la Hochschulrektorenkonferenz. C'est l'un des chantiers de la rentrée pour la ministre Geneviève Fioraso.

En attendant, il existe déjà quelques classements alternatifs, plus ou moins avantageux pour la France. Dans celui de l'Ecole des Mines par exemple, il faut attendre la 4e place pour voir le premier établissement français, HEC Paris. Quatre universités hexagonales figurent dans son top 20 ; aucune dans celui du classement de Shanghai. Pour réaliser ce palmarès, l'Ecole a "choisi de retenir un critère simple, non déclaratif et vérifiable : le nombre d'anciens élèves occupant le poste de n°1 exécutif dans une des 500 plus grandes entreprises internationales", expliquent ses auteurs. Toutefois, l'Ecole normale supérieure y perd 19 places par rapport au classement de Shanghai…

Dans un autre hit-parade, anglais cette fois, le World University Ranking du mensuel spécialisé Times Higher Education, la France enregistre des résultats similaires au classement de Shanghai - voire un peu moins bons. Elle n'apparaît que trois fois dans le top 100, avec une première occurrence à la 39e place.

Mais pour Philippe Mahrer, directeur du Collège des ingénieurs, cité en 2007 dans Les Echos, il faut relativiser : "Personne ni aucune institution n'est dans la moyenne, ou uniquement dans les statistiques. (…) Demandons-nous plutôt si nous sommes excellents, car l'excellence, elle, se constate dans la réalité."

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