Un couple poursuivi pour avoir refusé de faire vacciner ses enfants
Samia et Marc ont deux enfants âgés de 15 mois et 3 ans et ils estiment être de bons parents, aimants et prévenants. Il y a quelques années, après s'être documentés sur le sujet, ils ont décidé de ne pas vacciner leurs enfants car, selon eux, le risque d’effets secondaires est trop important.
"Il y a des études sérieuses qui sont menées aujourd’hui et qui prouvent que les vaccins peuvent rendre malades nos enfants plus que les protéger ", estime Samia Larère. "Il y a des adjuvants (dans ces vaccins) comme le mercure et l’aluminium qui sont dangereux. "
Un choix réfléchi
Ces jeunes parents l’affirment : ils ne sont pas des illuminés, pas des extrémistes, ils n’appartiennent pas à une secte et ne sont pas guidés par des convictions religieuses. Marc et Samia expliquent qu’ils sont adeptes des médecines douces, ils mangent bio quand ils le peuvent. Et, au fil des ans, ils sont devenus extrêmement méfiants à l’égard de la "puissance" des laboratoires pharmaceutiques en France.
Ce choix a des lourdes conséquences pour le couple : il est hors-la-loi et s’expose à des sanctions pénales. Il est dans l’impossibilité de faire inscrire ses enfants à l’école, dans une crèche ou au centre aéré. "Dans notre organisation de vie c’est un peu pénible ", confie Marc Larère. Pourtant, il assume son choix : "C’est évident que je suis prêt à beaucoup de sacrifices pour ne pas jouer à la roulette russe avec mes enfants."
Dans leur combat, le couple d’Auxerrois est soutenu par la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations. En France, depuis 20 ans, les anti-vaccins gagnent du terrain. "On connaît des parents qui font de faux certificats de vaccination ", raconte Samia Larère. Certains médecins accepteraient même de produire de faux certificats de contre-indication.
Faut-il lever l’obligation de vacciner ?
En France, seuls trois vaccins sont obligatoires : la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Des maladies devenues extrêmement rares, avancent les anti-vaccins; en raison d’une vaccination massive, rétorquent les autorités de santé.
"Actuellement, la polio réapparaît dans des pays où elle n’existait plus ", constate le professeur Daniel Floret qui dirige le Conseil technique de la vaccination (organise dépendant du Haut conseil de la santé publique). "Ce n’est le cas par exemple en Syrie. On sait très bien que si on arrêtait les vaccinations, les maladies réapparaîtraient ", poursuit le professeur Floret. "Ces vaccins restent extrêmement utiles."
La question de l'obligation de vacciner agite le corps médical. En septembre 2014, le Conseil technique de la vaccination a préconisé la levée de cette obligation. La France est le dernier pays d’Europe de l’Ouest à imposer certains vaccins. Mais l’argument principal d’une levée d’obligation est que certaines épidémies sont aujourd’hui beaucoup plus graves et mortelles que la polio ou la diphtérie. Le professeur Floret cite par exemple la coqueluche.
Une question prioritaire de constitutionnalité
En début d’audience devant le tribunal correctionnel d'Auxerre, l'avocat du couple Larère déposera une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la libre vaccination, car un vrai débat de société doit avoir lieu. "Je veux poser la question au Conseil constitutionnel ", explique Me Emmanuel Ludot. "Est-ce que le droit à la santé permet à des parents de refuser une vaccination dite obligatoire ? ", au regard d’effets secondaires qui peuvent être "lourds ", selon lui.
Pour ne pas avoir vacciné leurs enfants, Marc et Samia Larère encourent une peine très lourde : deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.
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