Décès de Jonah Lomu : de la maladie rénale à la crise cardiaque
"Jonah Lomu est mort ce matin [...]. C'était totalement inattendu, Jonah et sa famille étaient revenus du Royaume-Uni la nuit dernière", a déclaré M. Mayhew, ancien médecin des All Blacks, à la chaîne TV3. Il a précisé au quotidien New Zealand Herald, que la cause du décès était un arrêt cardiaque.
Plus jeune All Black de l'histoire à 19 ans et 45 jours contre la France en 1994, il devient un phénomène sur les terrains et dans la presse (voir encadré), contribuant à populariser le rugby partout dans le monde. Mais peu après le Mondial 1995, ses médecins lui diagnostiquent un syndrome néphrétique congénital.
Cette affection est liée à une atteinte du glomérule rénal, la partie du rein dans laquelle débute la filtration du sang, entraînant la formation de l'urine primitive (ultra-filtrat). Dans le syndrome néphrétique, les parois semi-perméables des petits vaisseaux sanguins rénaux (perméabilité normalement limitée aux fluides) laissent passer des protéines (protéinurie).
Les conséquences sont dévastatrices. En temps normal, dans tout notre organisme, des fluides quittent nos vaisseaux sanguins sous l'effet de la pression sanguine, ce qui a pour effet d’augmenter la concentration en sodium, protéines et cellules sanguines dans les petits vaisseaux. Or, c’est un principe physique intangible [1] : lorsque deux liquides, séparés par une paroi perméable à l'eau, contiennent des concentrations différentes d'éléments chimiques, l'eau migre de la zone où la dilution est la plus forte vers celle où elle est la plus faible. Ainsi, les concentrations s'équilibrent.
Or, si des protéines sont passées dans les urines, le phénomène diminue en intensité. L’eau, ne repassant pas dans le sang, s’accumule et forme des œdèmes.
La protéinurie a d’autres conséquences : la perte de protéines anti-coagulantes augmente le risque de thrombose (caillot obstruant les veines) tandis que la perte d’immunoglobuline augmente celui des infections [2]. Un quart des personnes souffrant d'un syndrome néphrétique présente un risque très élevé de thrombose.
L’ensemble de ces dangers impose à terme le recours à de fréquentes dialyses, voire à une greffe rénale.
Jonah Lomu, greffé à l'âge de 28 ans
De fait, en mai 2003, à 27 ans, Jonah Lomu est placé sous dialyse, ce qui le contraint à renoncer au Mondial en Australie. Un an plus tard, il subit une transplantation rénale à haut risque. En 2005, il évoque les mois précédant sa greffe comme la période la plus sombre de sa vie. "J'étais ce gars […] qui terrassait ses adversaires, marquait des essais, gagnait des matches, s'amusait. Et je me suis retrouvé si malade que je n'étais même pas capable de doubler un petit bébé."
En 2011, il se faisait hospitaliser d'urgence, le greffon rénal présentant des signes de rejet. "D'un seul coup, je me suis senti de plus en plus faible", confiait-il aux journalistes du journal Le Figaro. "A l'hôpital, ils se sont aperçus que mon rein ne fonctionnait plus. Aujourd'hui, il s'est endormi et le traitement que je suis tente de le réveiller. Si, à terme, cela ne fonctionne pas, il va me falloir un nouveau rein pour pouvoir survivre".
Sous dialyse trois fois par semaine, Jonah Lomu est placé en 2012 sur la liste d’attente des greffes. Jonah Lomu déclare alors à la presse que "tout le monde doit mourir un jour" et n'avoir aucun regret. "Je suis très chanceux. J'ai déjà vécu en une vie plus de choses que la plupart des gens en six ou sept vies."
Nous avions reçu Jonah Lomu dans "Le magazine de la santé" en 2008 (vidéo).
Florian Gouthière, avec AFP
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