Traités pour un cancer, des patients voient mieux dans le noir !
Chutes de cheveux, fatigue, nausées… Voici les conséquences les plus fréquentes des traitements contre le cancer. Mais, avec la photothérapie dynamique, les effets secondaires sont plus surprenants : la vision des malades s’améliore dans le noir. Ils n’ont pas une vision nette mais sont capables de distinguer des formes et des silhouettes. Des modifications physiques déroutantes que tentent de comprendre les chercheurs.
Un traitement alliant lumière et molécule photosensible
La photothérapie dynamique est utilisée notamment pour traiter certains cancers ORL ou de la peau. Un faisceau laser va cibler les zones tumorales grâce à des médicaments qui réagissent à la lumière. Ils sont composés notamment de chlorine e6, une molécule photosensible qui ressemble à la chlorophylle.
Alors pourquoi la photothérapie dynamique peut-elle modifier la vue des patients ? Antonio Monari, chercheur au laboratoire de physique et de chimie théorique (Université de Lorraine/CNRS), et une équipe de scientifiques internationaux ont tenté de percer ce mystère. Pour cela, ils ont utilisé une méthode inédite en biologie, la simulation moléculaire. Le principe : simuler le comportement d’un système chimique ou biologique grâce à un ordinateur. « On ne travaille plus sur une paillasse. Mais avec un ensemble de cluster d’ordinateurs qui vont tourner 24 heures sur 24 pendant des mois. Ce n’est pas un simple portable. »
A l’origine, une réaction chimique dans l’œil
Les chercheurs ont d’abord constaté qu’il y avait une interaction chimique entre la chlorine e6 et la rhodopsine, une protéine présente dans nos yeux. Elle intervient dans la première étape de la vision car elle est capable d’absorber la lumière visible, grâce notamment au rétinal, un dérivé de la vitamine A. Lors du traitement du cancer, la chlorine e6 absorbe la lumière infrarouge et produit de l’oxygène réactif capable de tuer les cellules cancéreuses. Antonio Monari explique : l’oxygène se « diffuse dans la rhodopsine pour arriver jusque dans les poches des rétinals. L’oxygène attaque alors le rétinal et produit la même réaction. L’œil va absorber les lumières infrarouges ». C’est ce qui explique que la vision nocturne du patient s’améliore.
De nouvelles pistes de recherche contre la cécité
La découverte de ce mécanisme ouvre de nouvelles perspectives de recherche. Il peut déjà permettre de corriger cet effet du traitement. Ou au contraire de l’améliorer. « On peut imaginer qu’on veuille voir dans la nuit de façon intentionnelle, ajoute Antonio Monari. Cela ouvre de nouvelles perspectives ». Et pourquoi pas de permettre un jour de trouver un nouveau médicament contre la cécité.
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