Plan santé : « Des mesures de bricolage » selon les urgentistes
Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), réagit aux mesures du plan santé annoncé mardi par Emmanuel Macron.
- Vous n'avez pas été consultés sur ce plan. Est-il à la hauteur de vos attentes ?
Dr Christophe Prudhomme : "Non, absolument pas. Emmanuel Macron évoque la réforme de 1958 qui a créé l’hôpital public. Cette réforme était basée sur deux principes : la planification et le service public. S’il veut une réforme d’ampleur pour les cinquante années à venir, il faudrait effectivement que l’on soit autour de ces deux principes et non pas sur des mesures de bricolage que l’on nous a vendues depuis trente ans. On a crée les maisons médicales de garde, les maisons de santé pluridisciplinaires... Aujourd’hui, dans les territoires, on a besoin d’autre chose. Il faut transformer l’offre de soins avec la médecine de ville et l’hôpital qui travaillent de concert et que tout le monde soit salarié pour simplifier les choses."
- Emmanuel Macron a dit ce matin que le système de santé ne souffrait pas d'un "sous-financement" mais d’un "défaut d’organisation". Qu’en pensez-vous ?
Dr Christophe Prudhomme : "On souffre d’un défaut d’organisation mais on souffre aussi d’un défaut de moyens. Notre système de santé est en train de s’écrouler. Dans mon SAMU, en Seine-Saint-Denis, alors qu’on est en incapacité de répondre à tous les appels à cause du manque de personnel, j’ai appris ce matin qu’on supprimait un poste parce qu’il faut appliquer le plan d’économies de mon hôpital ! Nous avons aujourd’hui 42 assistants de régulation médicale, pour pouvoir décrocher tous les appels, il nous en faudrait dix de plus. Le directeur de l’hôpital dit « ça n’est pas possible. Je n’ai pas l’argent »."
- Ce plan prévoit la création de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour désengorger les services d'urgence. Est-ce une solution ?
Dr Christophe Prudhomme : "C’est ce qu’on essaie de faire depuis des années. Mais vous connaissez la démographie des généralistes, comme celle des urgentistes… Nous sommes dans une situation catastrophique. Effectivement si vous êtes dans un centre de santé, si vous avez une infirmière qui peut faire une prise de sang et les tubes sont envoyés directement à l’hôpital, peut-être que le patient ne sera pas obligé de venir à l’hôpital. S’il va voir un médecin en ville et qu’il est obligé ensuite de prendre rendez-vous pour faire sa prise de sang, pour faire sa radio… Il préfère venir aux urgences, même s’il doit attendre six heures, parce qu’il y a tout sur place."
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