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Transplantation d'un rein déjà greffé : "Un rein peut facilement vivre 90 ans", selon un médecin

Des équipes médicales de l'AP-HP ont réussi à re-transplanter un rein qui avait déjà été greffé chez un patient il y a dix ans. Une situation "exceptionnelle" selon l'urologue François Gaudez qui a participé à cette opération.

Article rédigé par franceinfo
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Une opération de greffe d'un rein à partir d'un donneur vivant à l'hôpital de la Timone, à Marseille, le 6 novembre 2019. (SPEICH FREDERIC / MAXPPP)

"On est très content d'avoir sorti un patient de la liste d'attente", se réjouit jeudi 26 mai sur franceinfo l'urologue François Gaudez. Il fait partie de l'équipe de l'hôpital Saint-Louis de l'AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) qui a assuré la transplantation d'un rein déjà greffé sur un premier patient il y a dix ans. Selon lui, "un rein peut facilement vivre jusqu'à 80 voire 90 ans" mais cette "performance" devrait rester "un épiphénomène". "Les retransplantations ne vont malheureusement pas représenter un nombre colossal de prélèvements."

franceinfo : un rein est-il greffable à l'infini ?

François Gaudez : Non, nos reins ont une durée de vie limitée puisque nous ne pouvons pas non plus vivre jusqu'à 200 ans mais on estime qu'un rein peut facilement vivre jusqu'à 80 voire 90 ans. Ici, la situation était exceptionnelle. Normalement, on prélève des reins chez des patients en état de mort encéphalique qui n'ont jamais été greffé. Cette fois, on avait un donneur décédé après un arrêt cardiaque qui était porteur d'un greffon reinal parfaitement fonctionnel. On a estimé qu'on pouvait le reprélever pour le retransplanter à une troisième personne.

Cette réutilisation d'un greffon peut-elle être une solution face au manque de dons d'organe ?

C'est plus une performance qu'on a réussi à faire. Je pense que ça va rester un épiphénomène. En fonction de votre groupe sanguin, on peut avoir des délais d'attente qui vont jusqu'à sept ou huit ans pour un rein.

"On est très content d'avoir sorti un patient de cette liste d'attente parce que c'est toujours un exploit mais les retransplantations d'organes déjà greffés une première fois ne vont malheureusement pas représenter un nombre colossal de prélèvements."

François Gaudez, urologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris

à franceinfo

Y a-t-il des difficultés à retransplanter un greffon déjà utilisé ?

Absolument. Le prélèvement d'un organe qui a déjà été greffé est techniquement beaucoup plus difficile. De façon très schématique, un greffon est comme fusionné avec le corps d'un receveur. Le reprélever nécessite donc une technique chirurgicale vraiment particulière pour éviter de l'abimer. En plus, un greffon est un organe vascularisé avec une artère et une veine. Ce sont des éléments très fragiles et leur dissection est très sensible. Là, on a eu la chance de pouvoir le reprélever sans l'abimer. Il était parfaitement fonctionnel, anatomiquement parfait et il a pu être retransplanté chez le nouveau receveur quelques jours après. L'opération s'est d'ailleurs déroulée très facilement.

Les greffes de rein sont-elles courantes en France ?

C'est une opération parfaitement codifiée puisqu'on en fait 3 500 par an en France et que les résultats sont très bons. On sait donc à l'avance que ça va fonctionner. Aujourd'hui, c'est réalisé par des équipes parfaitement rodées et entraînées. La transplantation reinale marche parfaitement bien.

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