Scandale du chlordécone et accès à l'eau aux Antilles… Des ONG, dont la FIDH, saisissent le Conseil de l'Europe
Trois ONG dénoncent les problèmes d'accès à l'eau en Guadeloupe et le scandale de la chlordécone dans les Antilles auprès du Conseil de l'Europe. "Nous saisissons le comité européen des droits sociaux sur la question de l'accès urgent à l'eau potable en Guadeloupe, mais également sur l'empoisonnement au chlordécone en Guadeloupe et en Martinique", annonce jeudi 21 mars sur France Inter, Sabrina Cajoly, juriste en droit international des droits humains et fondatrice de Kimbé Rèd FWI., association antillaise de défense des droits humains.
Cette association ainsi que la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et la Ligue des droits de l'homme (LDH) ) ont déposé, lundi "une réclamation collective auprès du Comité européen des droits sociaux (CEDS) du Conseil de l’Europe à l’encontre de la France". Cette initiative "dénonce la violation du droit à l’eau potable et à l’assainissement en Guadeloupe, ainsi que l’empoisonnement au chlordécone des populations de Guadeloupe et de Martinique", indique la FIDH sur son site internet.
Il s'agit d'"exiger de la France l’accès urgent à l’eau potable en Guadeloupe", mais aussi "des réparations pour la pollution au chlordécone". Avec cette action en justice, "nos organisations de défense des droits humains entendent défendre l’universalisme des droits pour l’ensemble du territoire français, mettant ainsi un terme à des inégalités historiques entre l’outre-mer et l’hexagone", insiste la FIDH.
La Fédération internationale pour les droits humains, a apporté son soutien à cette action car seule une ONG reconnue, "peut porter cette réclamation collective auprès du Comité européen des droits sociaux du Conseil de l'Europe", a ajouté, également sur France Inter, Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Fédération internationale pour les droits humains.
La situation de l'eau en Guadeloupe "ne fait que s'aggraver"
La situation de l'eau en Guadeloupe "n'a pas changé", elle "ne fait que s'aggraver, en 2020 à peu près 70% des stations d'épuration n'étaient pas aux normes, aujourd'hui c'est près de 80%. En 2020 nous avions 60% de pertes d'eau en moyenne sur le réseau et aujourd'hui c'est plus de 80% sur certaines zones de la Guadeloupe", a précisé Sabrina Cajoly. "La question de la vétusté des installations conduit à ce que des métaux se désagrègent dans l'eau" et les problèmes de l'assainissement peuvent "amener à ce que des matières fécales se retrouvent dans l'eau", dénonce-t-elle.
En Guadeloupe, "jusqu’à 80% de l’eau produite est perdue à cause de fuites dans les réseaux, occasionnant des coupures quotidiennes pouvant durer de plusieurs jours à plus d’un mois. Lorsque l’eau est disponible, elle n’est pas potable en raison de la vétusté des canalisations (non correctement entretenues depuis 30 ans), de la défaillance de l’assainissement (80% des stations d’épuration ne sont pas aux normes) et de la pollution au chlordécone", souligne la FIDH.
La quasi-totalité de la population des Antilles françaises contaminée au chlordécone
En Guadeloupe et en Martinique, "alors que 90% de la population des deux îles, soit plus d’un demi-million de personnes, sont touchées par la pollution [au chlordécone] à travers la contamination de l’eau, des sols et de l’alimentation, la traçabilité du chlordécone à titre préventif et la désintoxication de l’être humain à titre curatif ne sont toujours pas garantis et, fin 2023, seules 45 personnes avaient été indemnisées pour le préjudice subi", regrette la FIDH. "92%, c'est le pourcentage de la population contaminé au chlordécone en Martinique, 95% c'est le pourcentage de la population contaminé en Guadeloupe", a expliqué Sabrina Cajoly.
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