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Reportage "On ne guérit pas d’une maladie cardiovasculaire" : un bus parcourt la France pour ausculter et avertir les femmes

Avec près de 75 000 décès par an, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes. Mais, à la différence du cancer du sein, peu se soucient de se faire dépister. Un bus équipé sillonne la France pour récolter des données. Arrêt à Marseille.

Article rédigé par Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le bus du coeur à Marseille, lors de sa tournée 2021. (GEORGES ROBERT / MAXPPP)

Le Bus rose n'est qu'un des véhicules qui composent la caravane installée sur l'esplanade du Vieux Port, à Marseille. Une soixantaine de médecins et infirmiers sont mobilisés depuis mardi afin d'offrir un parcours de santé complet aux femmes qui ont pris rendez-vous. "On leur pose des questions, si elles ont mal dans la poitrine, si elles sont essoufflées…, présente Gabrielle Sarlon, la chef du service de médecine vasculaire de l'hôpital de la Timone. On va mesurer la pression artérielle, la glycémie, le cholestérol, le poids. Et il y a ensuite un entretien gynécologique".

À Marseille, en trois jours, plus de 300 femmes sont venues se faire dépister. "J'ai 34 ans et en 40 minutes, on m'a dit ‘on va faire le tour’ pour me dépister. J'entends beaucoup parler du cancer mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de crises cardiaques et de plus en plus jeune en plus", s'inquiète une trentenaire.

"33, c'est le nombre de femmes qui décèdent chaque jour en raison du cancer du sein. Et 200, le nombre de femmes qui décèdent chaque jour de maladies cardiocérébrovasculaires."

Thierry Drilhon, co-fondateur d'Agir pour le Cœur des Femmes

à franceinfo

40 minutes suffisent pour savoir. Thierry Drilhon est à l'origine de cette opération itinérante de dépistage. Car à la différence du cancer du sein, peu de femmes se préoccupent de faire des bilans d’où cette vaste opération de dépistage grâce à un bus équipé de tout le matériel nécessaire. Les femmes doivent, selon lui, prendre conscience de ce risque cardiovasculaire. "Ce sont des maladies dont elles n'ont pas conscience", martèle Thierry Drilhon.

Cartographier la maladie

Les données recueillies dans les villes étapes vont permettre de dresser une cartographie de l'état de santé des femmes en France. "On analyse 150 données qu'on recueille au cours du dépistage, décrit la professeure Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et cofondatrice de l'association Agir pour le cœur des femmes. Les femmes sont bien évidemment d'accord, elles signent un formulaire de consentement. On a aujourd'hui les données de plus de 3 800 femmes. Et chaque région a la possibilité d'avoir ces données propres sur sa ville. On va pouvoir comparer les villes entre elles. On ausculte la santé des femmes, année après année. 80% des femmes se sentent en bonne santé tant qu'elles ne sont pas malades." 

"Il faut que les femmes se disent 'Il faut que j'agisse avant qu'il ne soit trop tard'."

Claire Mounier-Vehier, cardiologue et cofondatrice d’Agir pour le cœur des femmes

à franceinfo

"Parce qu'une fois que la maladie cardiovasculaire est là, on pense qu'on guérit de la maladie cardiovasculaire. Non, on n'en guérit pas", assène Claire Mounier-Vehier.

Lancé en 2021, le bus du Cœur fait étape dans seize villes en France chaque année. Marseille est sa 12e cette année. Après , il fera un stop à Paris, à La Baule-Saint Nazaire et à Bobigny pour boucler son périple 2022. Objectif dépister 10 000 femmes en cinq ans.

Dépistage cardiovasculaire pour les femmes : reportage à Marseille d'Olivier Martocq

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