"Polluants éternels" : les experts regrettent "une manipulation" du discours scientifique, qui alerte sur la dangerosité des Pfas

Le neurobiologiste Terence Saulnier est un des signataires de la tribune publiée ce jeudi pour alerter sur le danger des Pfas, aussi appelés "polluants éternels". Il appelle à regrouper l'ensemble des Pfas dans une seule et même catégorie, et non, "molécule par molécule".
Article rédigé par franceinfo
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Illustration de poêles Tefal. (SERGE TENANI / HANS LUCAS via AFP)

"On n'essaie pas de proposer une opinion, on essaie d'établir des faits scientifiques, et ce consensus scientifique n'est pas écouté, voire manipulé", s'inquiète Terence Saulnier, ingénieur en neurobiologie, interrogé jeudi 4 avril, sur franceinfo. Il signe, avec d'autres ingénieurs, médecins et chercheurs, une tribune dans le journal Le Monde pour alerter sur la dangerosité des Pfas, aussi appelés "polluants éternels".

"Quelle est la place des scientifiques sur ce sujet ?", s'interroge Terence Saulnier, "est-ce que c'est aux scientifiques de dire que les Pfas sont toxiques, ou est-ce que c'est aux industriels d'imposer cette loi ?", questionne-t-il, alors que les députés ont adopté ce jeudi 4 avril une loi visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des Pfas, ces substances per- et polyfluoroalkylés, très présentes dans les objets du quotidien, comme les poêles Tefal, les emballages alimentaires ou certains vêtements. La loi qui a été adoptée exclut toutefois de son périmètre les ustensiles de cuisine après une forte mobilisation cette semaine des fabricants, et notamment la manifestation des salariés de SEB, le fabricant de poêles Tefal.

Mettre tous les Pfas dans la même catégorie

Il existe aujourd'hui près d'un milliers de Pfas différents. Les scientifiques appellent à les regrouper en une classe chimique unique. Terence Saulnier considère que "si on réfléchit Pfas par Pfas, molécule par molécule, on va enliser un débat". Selon lui, mettre tous les Pfas dans une seule et même catégorie permettait de traiter le problème d'une seule et même manière.

Terence Saulnier ajoute qu'il y a encore beaucoup d'incertitudes et de manque de connaissances sur les effets à très long terme sur la santé. Il précise également que les études sont généralement menées sur des animaux, et pas sur des humains. Il conclut : "cela nous paraît bizarre de pouvoir autoriser une molécule avant d'être sûr qu'elle soit bonne ou pas pour la santé". Pour les scientifiques, plus le problème sera traité "d'un point de vue global, plus on pourra avancer". L'ingénieur en neurobiologie avance qu'il ne s'agit pas forcément de se concentrer uniquement sur les Pfas, "mais sur l'ensemble de la pollution chimique, à l'échelle européenne, en incluant les pollution aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens, comme un seul problème majeur".

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