Trois pays avancent vers l’autorisation du cannabis thérapeutique
Autorisé mais toujours pas commercialisé, le Sativex attend dans les cartons. Ce médicament à base de cannabis devait être mis sur le marché en France, mais il n’a pas toujours pas reçu le feu vert du Comité économique des Produits de Santé (CEPS) depuis son autorisation en 2014.
Cannabis récréatif ou thérapeutique, peu importe, la France poursuit la prohibition. Récemment, trois pays se sont à l’inverse montrés plus enclins à libéraliser l’usage des traitements à base de cannabis : l’Uruguay, le Pérou et l’Italie.
Uruguay : le pionnier du récréatif passe au thérapeutique
En décembre 2013, le gouvernement uruguayen de Pepe Mujica avait été le premier au monde à légaliser la production, la distribution et la consommation du cannabis. Jeudi 19 octobre, le petit Etat coincé entre l’Argentine et le Brésil a autorisé la commercialisation en pharmacies de médicaments dérivés du cannabis, trois mois après avoir légalisé la marijuana à usage récréatif, sous contrôle de l'Etat, une première mondiale.
Auparavant, les Uruguayens pouvaient cultiver leur drogue, à domicile ou dans des coopératives agréées, dans une limite fixée par la loi. Depuis l’été 2017, la marijiuana est désormais disponible en pharmacie à un prix inférieur à ceux pratiqués sur le marché noir.
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Concernant le cannabis thérapeutique, le décret publié jeudi précise que les médicaments, vendus sur ordonnance, seront composés de "cannabidiol (un extrait de marijuana), comme principe actif, élaboré à partir d'extraits de cannabis provenant de variétés non psychoactives", c'est à dire avec moins de 1% de THC, ou tétrahydrocannabinol, la principale substance à effets psychotropes de cette drogue.
D’autres pays, comme le Mexique, la Colombie, l'Argentine et le Chili ont infléchi leur position dans un contexte de légalisation progressive de la marijuana sur le continent américain.
Le Pérou vote en faveur d’antidouleurs
Jeudi, le congrès péruvien a également adopté une loi favorable à l’usage du cannabis thérapeutique.
Les promoteurs de ce texte ont toujours précisé qu'il ne s'agissait pas de consommer le cannabis en tant que tel, mais uniquement d'en extraire ses composantes médicinales pour un usage dans le cadre de traitements antidouleurs.
Le projet de loi avait été proposé par le gouvernement en février, à la demande d'un groupe de mères dont les enfants étaient victimes de maladies graves (cancers, épilepsies) et pour lesquels aucun médicament existant ne permettait d'apaiser la douleur. Celles-ci avaient alors elles-mêmes développé une huile à base de marijuana et s'étaient retrouvées aux prises avec la justice, la consommation de cannabis étant interdite au Pérou. La loi doit maintenant être promulguée par le pouvoir exécutif pour entrer en application.
Italie : une avancée contrariée par des dissensions entre parlementaires
Les députés italiens ont adopté ce jeudi un projet de loi sur la légalisation de l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques. En recul par rapport à la version initiale, le texte doit encore être adopté par le Sénat.
Le projet soumis en juillet 2016 aux députés proposait le maintien de l'interdiction de la vente entre particuliers, mais autorisait à cultiver jusqu'à 5 plants de cannabis et à détenir jusqu'à 15 grammes chez soi. Il maintenait en revanche l'interdiction de fumer du cannabis dans les lieux publics ou au travail.
Le projet de loi adopté jeudi ne mentionne absolument plus ces possibilités et retient uniquement la possibilité pour un médecin de prescrire des médicaments à base de cannabis, pour une durée ne dépassant pas trois mois.
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"La légalisation du cannabis pour un usage personnel est un sujet qui divise les groupes parlementaires, peut-être que le pays est prêt à faire ce pas, mais ce Parlement ne l'est pas", a expliqué Walter Verini, membre Parti démocrate de la commission Justice de la Chambre des députés. "Vu que la partie concernant l'usage thérapeutique représente déjà un pas en avant et une réponse à de nombreux malades, nous avons pensé qu'il serait erroné, égoïste et irresponsable de mettre en danger cette partie aussi en insistant sur l'ensemble de la proposition." Ces médicaments seront remboursés par la sécurité sociale dans les cas prévus par le ministère de la Santé.
Et en France ? Comme bon nombre d’Etats européens, elle se montre intolérante à l’encontre des consommateurs de cannabis, mais aussi à l’encontre des possibles traitements à base de cannabis. Le cas du Sativex, autorisé mais pas encore mis sur le marché, vient le rappeler. Le Marinol reste le seul médicament commercialisé dans l’Hexagone, mais chaque médecin doit passer par une lourde procédure pour en prescrire.
Avec AFP
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