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Paracétamol : les dangers du surdosage chez les seniors

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Temps de lecture : 4min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Mal de tête, de dos, douleur articulaire, état fébrile… Qui n'a jamais pris de paracétamol pour traiter ces petits maux qui surviennent de plus en plus régulièrement avec l’âge ? L’antidouleur le plus vendu au monde n’est pourtant pas sans risque si on ne respecte pas le dosage, le Dr Françoise Forette, gériatre vous alerte.  

En gélule ou en sachet, de différents dosages, le paracétamol est présent dans tous les foyers français qui en consomment 420 millions de boites par an. Vendu en pharmacie sans ordonnance, il ne représente aucun risque si on se conforme strictement à la posologie mais, attention, il peut devenir dangereux si on le prend sans précaution.

La prise en charge de la douleur n’est jamais simple surtout lorsqu’il s’agit de douleurs chroniques chez les personnes âgées. L’âge lui-même, au-delà de 75 ans, est un facteur de risque de toxicité du paracétamol.

Des douleurs plus fréquentes chez les seniors 

Les douleurs sont plus fréquentes, parce que le nombre de maladies augmente avec l’âge, et, en particulier les affections douloureuses :

Une étude récente chez plus de 2 700 personnes "tout venant" de 65 à 101 ans, montrait que 70% ressentaient des douleurs au moment de l’entretien.

Selon l’OMS, la douleur est une sensation, mais aussi une "émotion" pénible dont il faut tenir compte et cette composante émotionnelle est souvent aggravée par l’isolement. Certaines personnes avec des arthroses historiques ne souffrent pas, le ressenti est individuel et l’évaluation malaisée.

Effets secondaires 

Le médicament anti-douleur qui est prescrit en 1ère intention est le paracétamol mais il a des effets secondaires. Il s’agit essentiellement d’une atteinte hépatique :

  • Elle peut être aiguë liée à une ingestion massive accidentelle ou dans un but de suicide.
  • Elle peut être progressive chez des personnes victimes de doses trop élevées, plus de 4 g /jour (8 comprimés à 500 mg) et surtout prolongées.
  • Le patient qui souffre a tendance à augmenter les doses pour être soulagé et ne peut s’en passer.
  • Une autre cause de surdosage réside dans le fait qu’il existe plus de cent produits en vente libre qui contiennent du paracétamol et le patient peut en prendre plusieurs sans nécessairement vérifier le contenu.

Profil de risque de toxicité hépatique 

Les risques hépatotoxiques sont très variables d'un individu à l'autre. Il convient donc de les rechercher systématiquement en vue d'une stratification des risques, la plus précise, et d'une démarche thérapeutique adaptée. Voici ces facteurs de risque :

  • Le poids, en dessous de 50 kg, fréquent chez les personnes âgées.
  • La dénutrition, également fréquente chez les seniors.
  • L’alcoolisme chronique parfois caché.
  • L’hépatite virale chronique.
  • L’insuffisance rénale chronique (la fonction rénale diminue avec l’âge).
  • L’insuffisance hépatique antérieure à la prise.

Ces facteurs de risque doivent donc être recherchés avant de prescrire du paracétamol au long cours.

Quand interdire la prescription de paracétamol ?

Bien prescrit avec respect des contre-indications, le paracétamol est très bien supporté et est un élément important du "palier 1" des antidouleurs. En effet, le choix se fait parmi les produits des 3 paliers de l’OMS :

  • Le palier 1 réservé aux douleurs modérées, comporte le paracétamol et les anti-inflammatoires ou l’aspirine. Ces derniers font facilement des trous dans l’estomac et nécessitent l’adjonction d’un protecteur gastrique. Il peut s‘ajouter un risque cardiaque ou rénal chez les personnes très âgées.

Sauf indication particulière on leur préfère donc le paracétamol pour le palier 1.

  • Le palier 2 s’adresse aux douleurs insuffisamment soulagées par le palier 1. Il comporte essentiellement la codéïne et le tramadol qui, au long cours, peuvent entraîner des dépendances difficiles à traiter.
     
  • Le palier 3 s’adresse à la morphine et ses dérivés et s’adresse aux douleurs rebelles.

En conclusion, on voit que l’éventail n’est pas large et que le paracétamol a de beaux jours devant lui. Pour l'utiliser, la recherche des facteurs de risque est indispensable pour adapter les doses de chaque patient en fonction de son profil.
Cette adaptation des doses permet un usage en toute sécurité. Le soulagement de la douleur est un préalable absolu à la prise en charge de tout patient. Mais n’oubliez surtout pas qu'il ne faut pas agir à la légère avec le paracétamol !

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