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Paludisme : comment le Sri Lanka s'est libéré de l’endémie

Le paludisme touche chaque année plus de 200 millions de personnes dans le monde et la maladie a causé la mort de 480 000 d'entre elles en 2015. Certains pays, comme le Sri Lanka, en Asie, ont pourtant réussi à l’éradiquer.

Article rédigé par Sébastien Farcis, franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le paludisme n'est transmis que par certaines espèces de moustiques, du genre Anopheles (ci-contre), et dans ces espèces, seulement les femelles transmettent la maladie. (MAXPPP)

Mardi 25 avril, c'est la journée mondiale contre le paludisme (ou malaria, en anglais), une maladie qui touche toujours plus de 200 millions de personnes chaque année dans le monde. Une maladie qui a causé la mort de 480 000 malades en 2015. Après l’Afrique, l’Asie est l’un des continents les plus touchés. Un pays vient pourtant d’y remporter une bataille importante. Après un combat de 70 ans, et malgré une longue guerre civile pendant une partie de cette période, le Sri Lanka a été déclaré libéré du paludisme par l'OMS en septembre 2016. C'est l'un des seuls pays tropical à avoir surmonté ce défi.

Reportage sur place de notre envoyé spécial et correspondant de RFI dans la région, Sébastien Farcis

En 1946, le Sri Lanka est l'un des pays les plus touchés par le paludisme, avec 2,8 millions de cas, soit un habitant sur trois. Dans les années 60, le gouvernement connaît une première victoire. Le parasite disparait quasiment grâce à l'aspersion de l'insecticide DDT. Mais l'effort n'est pas maintenu, les fonds manquent et le moustique résiste au produit.

A partir de 1994, un autre pesticide est utilisé. Il opère bien car la population l'accepte mieux. "Ce produit laissait moins d'odeur et de marques sur les murs et n'était utilisé qu'une fois tous les six mois", explique le Dr Hemantha Herath, directeur du programme de lutte contre le paludisme au ministère de la Santé. "Surtout, il était également assez efficace contre les insectes de maison, comme les cafards et les fourmis. Donc les gens qui avant fuyaient pour éviter ces aspersions chez eux, couraient maintenant après nos équipes pour leur demander de venir asperger dans leurs maisons", poursuit-il.

Le pouvoir et les rebelles coopèrent

Au début des années 2000, quasiment tout le sud du Sri Lanka est libéré du paludisme. Mais le parasite demeure dans le Nord et l'Est, les régions qui sont sous le contrôle de la rébellion des Tigres tamouls. La lutte contre la maladie est difficile en plein milieu des combats, mais elle n'est pas abandonnée car, étonnement, les rebelles acceptent de coopérer avec Colombo. L'association Sarvodaya est alors chargée des opérations dans ce territoire rebelle, comme l'explique son directeur, Vinya Aryaratne. "C'était extrêmement difficile. Les Tigres tamouls avaient un gouvernement parallèle et ils voulaient donc que nous payions des taxes pour faire passer les moustiquaires. Il n'en était pas question ! D’abord car nous ne reconnaissions pas de système fiscal alternatif et surtout, nous leur disions que ces moustiquaires étaient pour leur peuple. En parlant avec des responsables de haut niveau, les moustiquaires réussissaient à passer en fin de journée", raconte-t-il.

Le dernier cas de paludisme endémique a été enregistré en 2012, soit trois ans après la fin du conflit. Un succès facilité par l'insularité du pays. Mais la vigilance reste de mise. En 2016, une quarantaine de personnes infectées sont arrivés au Sri Lanka et ont dû être soignées pour éviter de nouvelles transmissions.

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