Lucie, 26 ans, est séropositive : "Connaître son statut, c’est savoir si on protège l’autre et soi-même"
Lucie Hovhannessian a appris qu’elle était séropositive à 20 ans, au cours d’un examen médical de routine. Dans son livre "Presque comme les autres. Ma vie de jeune séropositive", elle raconte sa vie avec le VIH.
"A priori, j’ai été contaminée par voie sexuelle. C’était certainement un partenaire d’un soir, une bêtise." Lucie Hovhannessian a appris en 2012 qu’elle était séropositive, à l’occasion d’une simple analyse de sang pré-opératoire. Elle avait 20 ans. Six ans plus tard, elle a appris à vivre avec le virus et raconte son histoire dans son livre Presque comme les autres. Ma vie de jeune séropositive, sorti en librairie le 1er mars.
Un rapport différent au corps, à la santé, aux hommes
Lucie revient sur ce que sa séropositivité a changé sur son rapport à son corps, les autres et à sa santé aussi : "Dès qu’il y avait un petit truc qui n’allait pas je me demandais si c’était grave, si c’était à lié à ça ou pas." Autour d’elle, ça a été le "choc", en particulier pour ses sœurs qui l’ont "mal pris". Mais progressivement, poursuit la jeune femme, "quand on explique correctement ce qui se passe et ce qu’il va se passer, les gens comprennent que je ne vais pas mourir et que mon espérance de vie ne va pas être réduite de 40 ans. Ils se disent : 'C’est grave, c’est important, mais c’est pas la fin du monde'."
Lucie a le VIH mais n’est pas atteinte du Sida, et "a priori je ne l’aurai jamais si tout va bien." Elle explique : "Le Sida c’est quand le VIH dépasse un certain seuil, quand la charge virale devient trop importante et qui permet un affaiblissement du système immunitaire, à d’autres maladies de s’installer." Or Lucie n’est pas à ce stade : "Mon traitement, c’est trois pilules à prendre toutes les 24 heures. Ça permet de diminuer la charge virale du VIH dans le corps. Ce qui fait que d’une part, il est assez peu présent donc il n’a pas d’impact sur mon organisme et d’autre part, il ne peut pas être transmis. C’est ce qu’on appelle la charge virale indétectable."
Être séropositive, ça a aussi changé son rapport aux hommes, aux relations intimes : "Au début, j’avais peur de contaminer l’autre. Le premier petit copain que j’ai eu après l’avoir appris, on est restés deux ans ensemble et on n’a jamais arrêté le préservatif." Il l’a accompagnée à un rendez-vous médical pour savoir exactement ce qu’ils pouvaient faire ou pas, "comme le sexe oral" et quels étaient risques. Le médecin lui a répondu que "comme la charge virale est indétectable, il n’y a aucun risque de transmission. Donc en fait on peut tout faire." Avec son nouveau partenaire, avec qui elle est depuis deux ans, elle est même allée au-delà : "On a carrément pu arrêter le préservatif. Donc on n’a même plus ce truc-là qui nous rappelle qu’il y a le VIH."
"Je me suis sentie très coupable d’avoir réussi à me faire contaminer alors qu’on m’avait prévenue."
Aujourd’hui, Lucie souhaite sensibiliser sur l’importance du test de dépistage : "Connaître son statut, qu’il soit négatif ou positif, c’est savoir si on protège l’autre et soi-même." C’est d’autant plus important de le faire car "il y a des gens qui ont donné littéralement leur vie pour qu’on ne se contamine plus, pour que l’épidémie cesse." Et "on est encore trop nombreux à ne pas faire attention et à ne pas leur faire honneur." déplore la jeune femme.
Elle la première : "Pendant un moment, je me suis sentie très coupable d’avoir réussi à me faire contaminer alors qu’on m’avait prévenue. J’étais informée, j’avais vu des campagnes, des affiches, des reportages... Donc je me suis sentie coupable d’avoir été inconsciente, insouciante … Parce qu’on peut pas dire qu’on nous prévient pas. C’est juste qu’on n’écoute pas."
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