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Guadeloupe : "J'ai prévenu les autorités nationales, j'ai eu un retour négatif à la limite du mépris", regrette le président de la région Ary Chalus

Depuis six jours, des manifestations et des violences ont lieu en Guadeloupe. Une grève illimitée a été proclamée en signe d'opposition au le pass sanitaire et à l'obligation vaccinale des soignants contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ary Chalus, président de la région Guadeloupe, le 17 novembre sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après une nouvelle nuit de violences en Guadeloupe en marge de manifestations contre les restrictions sanitaires, le président de la région Ary Chalus "appelle au calme, à la négociation". Invité de franceinfo samedi 20 novembre, l'élu regrette de ne pas avoir été convié à la cellule de crise présidée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin samedi 20 novembre place Beauvau. Ary Chalus souligne qu'il "a eu le courage d'appeler le ministre de la Santé pour rapidement trouver une solution pour éviter absolument ce qui se passe en Guadeloupe" mais qu'il a eu "un retour négatif à la limite du mépris".

franceinfo : Quelle est la situation en ce moment ?

Ary Chalus : C’est toujours pareil, ce sont toujours des jeunes qui cassent, qui brûlent, qui barrent des routes. L’économie de la Guadeloupe est mise à mal et nous déplorons cela. Nous déplorons les pillages des magasins, le feu qui est mis dans les magasins. J’appelle au calme, à la négociation, à la concertation. Il y a une réunion de crise ce soir (samedi 20 novembre) et j’espère que les autorités compétentes feront le nécessaire pour essayer de calmer les choses. Nous avons fait des propositions pour qu’on puisse mettre en place les mesures sanitaires : que les pompiers, les soignants puissent faire des tests de temps en temps, qu’ils puissent respecter les gestes barrières en attendant qu’on puisse trouver ensemble une solution d’apaisement pour la Guadeloupe qui est aujourd’hui l’une des îles les plus prisées touristiquement. Mais l’image que nous véhiculons aujourd’hui n’est pas une bonne chose pour notre région.

Il y a eu des tirs à balles réelles la nuit dernière (vendredi 19 novembre) contre les forces de l’ordre. Vous confirmez ? Et est-ce que ce ne sont que des jeunes qui mènent cette insurrection ?

J’ai appris qu’il y avait eu des tirs à balles réelles, c’est inadmissible. J’appelle à la raison parce que c’est la Guadeloupe qu’on met à mal, ce sont des familles guadeloupéennes qui vont pleurer ensuite parce que beaucoup risquent de perdre leur travail quand vous brûlez les entreprises... Moi, je l'ai dit, je le répète, que je suis vacciné. Je conseille à tous ceux qui veulent se faire vacciner de le faire en consultant leur médecin traitant. Je suis contre les sanctions prises contre le personnel soignant. Aujourd'hui, il faut trouver une solution. On ne peut pas priver ces personnes de salaire, sachant les difficultés que nous rencontrons au niveau de la Guadeloupe. Nous avons plus de 40 ans de retard par rapport à l’Hexagone concernant notre développement économique. On ne peut pas aujourd'hui abandonner la Guadeloupe comme ça se fait. J'ai prévenu les autorités nationales, j'ai prévenu les ministres concernés. J'ai eu le courage d'appeler le ministre de la Santé pour rapidement trouver une solution pour éviter absolument ce qui se passe en Guadeloupe. J'ai eu un retour négatif à la limite du mépris pour la Guadeloupe.

Vous n'étiez même pas au courant qu'une cellule de crise était présidée ce soir (samedi) par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ?

C'est vous qui me l'apprenez. Je suis président de région quand même. J'aurais pu être invité, surtout que je suis actuellement à Paris. Cela montre encore comment on considère la Guadeloupe, comment on considère les élus guadeloupéens. Nous avons des idées, nous pouvons conseiller, nous pouvons discuter avec nos syndicats, avec le monde économique pour trouver des solutions ensemble. Nous avons su le faire à plusieurs reprises, comme nous avons su que les choses risquaient d'exploser. Aujourd'hui, je dis qu'effectivement ce n'est pas normal.

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