Coronavirus : 239 scientifiques alertent l'OMS sur une possible transmission dans l'air du Covid-19
"La transmission par l'air de SARS-CoV-2 n'est pas universellement acceptée; mais notre opinion collective est qu'il existe bien assez d'éléments probants pour appliquer le principe de précaution", plaident ces scientifiques.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, la question de sa transmission par voie aérienne interroge. Lundi 6 juillet, un groupe de 239 scientifiques internationaux a appelé dans une lettre adressée aux autorités de santé, à commencer par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), à reconnaître la capacité du virus à se propager dans l'air bien au-delà de deux mètres. Ils souhaitent que ces dernières recommandent une ventilation vigoureuse des espaces publics intérieurs, afin d'enrayer l'épidémie, responsable de la mort de plus de 500 000 personnes dans le monde en six mois.
"Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et internationaux compétents à reconnaître le potentiel de transmission aérienne du Covid-19", écrivent dans la revue Clinical Infectious Diseases (lien en anglais) d'Oxford deux scientifiques, Lidia Morawska de l'université de Queensland (Australie) et Donald Milton de l'université du Maryland, dans un article signé par 237 autres experts. "Il existe un potentiel important de risque d'inhalation de virus contenus dans des gouttelettes respiratoires microscopiques [microgouttelettes] à des distances courtes et moyennes [jusqu'à plusieurs mètres, de l'ordre de l'échelle d'une pièce], et nous prônons le recours à des mesures préventives pour empêcher cette voie de transmission aérienne", poursuivent-ils.
Pas de consensus scientifique, mais une mise en garde
L'OMS et d'autres organismes sanitaires estiment que le coronavirus est principalement transmis par des gouttelettes projetées par la toux, l'éternuement et la parole directement sur le visage de personnes à proximité, et possiblement par des surfaces où ces postillons atterrissent et sont ensuite récupérés par les mains de personnes saines. Ces gouttelettes, lourdes, tombent dans un périmètre d'environ un mètre. Mais des études portant sur SARS-CoV-2 et d'autres virus respiratoires ont mis en évidence que des particules virales étaient aussi présentes dans des gouttelettes microscopiques dans l'air expiré par une personne infectée : plus légères, elle peuvent rester en suspension en intérieur, potentiellement des heures, et être inspirées par d'autres personnes. Il n'a jamais été prouvé que ces particules de coronavirus étaient viables et pouvaient provoquer des infections.
S'il n'y a pas de consensus scientifique que cette voie aérienne joue un rôle dans les contagions, Julian Tang, l'un des signataires, rétorque pour l'AFP que l'OMS n'a pas prouvé l'inverse : "L'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence", abonde le scientifique de l'université de Leicester, en Angleterre. "La transmission par l'air de SARS-CoV-2 n'est pas universellement acceptée; mais notre opinion collective est qu'il existe bien assez d'éléments probants pour appliquer le principe de précaution", plaident ces scientifiques.
Ils conseillent de mieux ventiler lieux de travail, écoles, hôpitaux et maisons de retraite, et d'installer des outils de lutte contre les infections tels que des filtres à air sophistiqués et des rayons ultraviolets spéciaux qui tuent les microbes dans les conduits d'aération. Ainsi, la climatisation est pointée du doigt : en Chine, à Canton, une personne sans symptôme avait contaminé des clients de deux tables voisines, sans contact. Le climatiseur a vraisemblablement fait voler le virus d'une table à une autre. D'autres cas de super-contagions, dans un autocar chinois et dans une chorale américaine, accréditent aussi la piste aérienne.
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