Au Japon, le suicide des enfants au plus haut depuis 30 ans
Le chiffre est glaçant : 250 japonais de moins de 18 ans ont mis fin à leur jour entre avril 2017 et mars 2018 (période qui couvre l’année administrative au Japon), soit 5 décès de plus que l’an passé.
Si les motivations derrière le suicide n’ont pas été recensées pour la majorité cas, l’information est disponible pour 74 victimes : désespoir face à l’avenir professionnel à l’issue des études (33 cas), problèmes familiaux (31 cas), et harcèlement scolaire (10 cas). Selon des données plus anciennes, le début de l’année scolaire serait associé à un pic du nombre de suicides chez les mineurs au Japon.
Lors de la présentation de ces données, la responsable du centre de prévention du suicide, Yukata Motohashi, a évoqué devant la presse japonaise la mise en place prochaine d'un système de détection des enfants à haut risque. De son côté, un représentant du ministère de l'Éducation a rappelé l’importance "d'enseigner aux enfants comment obtenir de l'aide dès que possible", car "il devient de plus en plus difficile de trouver de l'aide une fois qu'ils souffrent déjà."
Une situation à comparer avec celle de la France
Pour édifiantes qu’elles soient, les nouvelles statistiques dévoilées par le ministère de l’Éducation apparaissent plus inquiétantes encore lorsque l’on se penche sur les tranches d’âge des victimes : 6 étaient élèves d’écoles primaires, 84 du collège et 160 du lycée.
La situation est à comparer en détail avec celle de la France. En apparence, le taux de suicide enfants d’âge scolaire peut en effet sembler proche entre les deux pays : 1,6 pour 100.000 enfants de 5 à 19 ans au Japon (avec 15,7 millions de personnes dans cette tranche d’âge [1]), contre 1,5/100.000 dans nos frontières (chiffres de 2012, où l'on avait enregistré 185 décès pour 12 millions de personnes dans cette tranche d’âge [2]).
Cependant, en entrant dans le détail des chiffres, on s’aperçoit qu’en France, les suicides de mineurs concernent une proportion beaucoup plus faible d’écoliers et de collégiens, et beaucoup plus d’adolescents. En 2012, un seul écolier et 29 collégiens français s’étaient suicidés, contre 155 élèves du lycée. Soit 3,9 pour 100.000 lycéens dans l’hexagone, contre 3,3 au Japon.
Selon le dernier rapport de l'Observatoire national du suicide, paru en février 2018, le suicide reste en France la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans après les accidents de la route (16% des décès de cette tranche d'âge en 2014). Selon l’ONS, près de 3% des jeunes de 17 ans déclarent avoir déjà fait une tentative de suicide entraînant une hospitalisation, 10% des adolescents déclarant "avoir pensé au moins une fois au suicide" au cours des douze derniers mois. Si les suicides entraînant un décès sont plus nombreux chez les garçons que chez les filles, les tentatives de suicide et les pensées suicidaires seraient deux fois plus fréquentes chez ces dernières.
la rédaction d'Allodocteurs.fr
[1] Estimation basée sur les nouvelles données gouvernementales et d’une synthèse des statistiques démographiques du Japon en 2017.
[2] Estimations réalisées à partir des données épidémiologiques de l’Observatoire des suicides portant sur l’année 2012 (dernières données publiques de l'Observatoire détaillant les classes d'âge 5-14 ans et 15-19 ans, en excluant les 20-24 ans) et des statistiques démographiques de l’Insee.
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