Levothyrox : le site "Les jours" dénonce un conflit d'intérêts entre le laboratoire Merck et l'Agence du Médicament
Bientôt un an que l’affaire du Levothyrox dure. Le site "Les jours" dévoile un nouveau volet de cette crise.
La crise du Levothyrox est loin d'être finie. Il y a un an, en mars 2017, une nouvelle formule de ce médicament pour les problèmes de thyroïde commercialisé par le laboratoire américain Merck était introduite sur le marché français. Il s’agit du premier marché mondial avec 2,6 millions de patients sous Levothyrox. Cette nouvelle formule a été suivie de plusieurs milliers de déclarations d’effets indésirables, de pétitions pour un retour à l’ancienne formule et d’accusations de manque d’information des autorités et du ministre de la Santé. Un an après, le site Les Jours (article réservé aux abonnés) dévoile un nouveau volet de cette affaire.
"Certains malades se demandent s’ils n’ont pas servi de cobayes en France"
Aurore Gorius, journaliste pour Les Jours, précise que ce qui a changé "ce sont uniquement les excipients. La molécule elle-même n’a pas changé." En effet, "Merck a enlevé le lactose pour mettre deux nouveaux excipients : le mannitol et l’acide citrique." Si l’intérêt de cette substitution n’a pas été clairement établie, la journaliste avant l’argument que "le lactose est un excipient qui est très mal toléré dans certaines parties du monde, notamment en Asie." Or, ajoute Aurore Gorius, "Merck a des projets de conquérir le marché asiatique. Si bien que certains malades et associations de malade se demandent s’ils n’ont pas servi de cobayes en France pour tester cette nouvelle formule."
À l’origine de cette demande du changement d’excipients, l’Agence du Médicament : "L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) a demandé à Merck de produire une nouvelle formule, à travers une lettre que nous avons pu consulter, pour des raisons de manque de stabilité du médicament." Cette lettre, poursuit la journaliste, "s’appuie sur une étude de pharmacovigilance qui aurait montré ce manque de stabilité, sauf que quand on demande à l’Agence du Médicament cette étude, elle ne veut pas la fournir et elle se retranche derrière une procédure de justice, une enquête préliminaire, qui a été lancée par le pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille."
Et ce n’est pas tout : "On a vu que la lettre était signée par le Professeur Philippe Lechat et ce professeur, qui a demandé à Merck la nouvelle formule, a lui-même travaillé pour Merck par le passé, donc il est en situation de conflit d’intérêts."
Une enquête obscure
La journaliste des Jours dénonce la façon dont est gérée cette affaire qui dure depuis déjà un an : "Aucune enquête n’a été diligentée par les pouvoirs publics, les enquêtes ont été initiées par les malades eux-mêmes et ça, c’est quelque chose d’assez incompréhensible dans la gestion de cette crise par la Direction Générale de la Santé, par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn." Mais également le manque d’information : "Ce qu’on aimerait savoir c’est véritablement qui est-ce qui a présidé à la demande de la nouvelle formule, où est-ce qu’elle est produite, comment elle est fabriquée et, pour l’instant, ces éléments-là on ne les a pas parce qu’à la fois l’Agence du Médicament et le laboratoire se donnent la main pour rester très obscurs."
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