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La Mutualité française demande une "refonte du circuit du médicament dans les plus brefs délais"

Son président, Etienne Caniard, relève dans un communiqué que le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) remis samedi "met en évidence toutes les défaillances du circuit du médicament que la Mutualité Française dénonce régulièrement".La Mutualité français fédère la quasi-totalité des mutuelles de santé.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le Médiator serait responsable de la mort de 500 à 2.000 personnes, selon des études (AFP - FRED TANNEAU)

Son président, Etienne Caniard, relève dans un communiqué que le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) remis samedi "met en évidence toutes les défaillances du circuit du médicament que la Mutualité Française dénonce régulièrement".

La Mutualité français fédère la quasi-totalité des mutuelles de santé.

"Elle appelle à la plus grande transparence et au débat public autour de cette réforme qui doit aller au-delà de la seule pharmacovigilance pour concerner l'ensemble de la politique du médicament sans faire l'impasse sur l'influence directe ou indirecte des laboratoires", selon M. Caniard.

La Mutualité française considère que "l'absence d'investissements publics suffisants dans les domaines de la formation, de la recherche, du soutien aux publications..., permet à l'industrie pharmaceutique de prendre une place exorbitante qui aliène l'indépendance des prescripteurs".

Bertrand souhaite être entendu dès que possible par les parlementaires
Le ministre de la Santé a déclaré dimanche sur Europe 1 vouloir être entendu "le plus vite possible" par les missions parlementaires. Xavier Bertrand était déjà ministre de la Santé de 2005 à 2007. L'IGAS qui lui a remis samedi ses premières conclusions a dénoncé une "incompréhensible tolérance" à l'égard du Médiator. Un rapport définitf est attendu pour le 31 mars.

Le Médiator serait responsable de la mort de 500 à 2.000 personnes, selon des études réalisées à la demande de l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS).

La mission de l'Inspection générale des Affaires sociales couvrant le champ purement administratif, elle "ne pouvait pas entendre les ministres", a rappelé Xavier Bertrand.

Il a souligné aussi que les déclarations d'intérêt - qui précisent les rapports éventuels avec des laboratoires - devaient concerner non seulement les experts mais "les ministres, et également leurs proches". "S'engager dans la vie politique demande des exigences renforcées", a indiqué le ministre de la Santé.

Largement détourné comme coupe-faim, le Médiator a été retiré du marché français en novembre 2009 après 33 ans de commercialisation. Selon plusieurs études, il est à l'origine directe de maladies cardiaques graves, les valvulopathies. Ce produit, dont l'efficacité thérapeutique a été contestée par certains spécialistes dès les années 1990, a été prescrit à au moins cinq millions de personnes en France entre 1976 et 2009.

"Le déroulement des événements est très largement lié au comportement et à la stratégie du laboratoire. Il existe un faisceau d'indices extrêmement lourd qui indique une responsabilité première et directe des laboratoires Servier", a estimé Xavier Bertrand lors d'une conférence de presse qui a suivi la présentation du document.

Les victimes seront indemnisées, annonce Bertrand

"Il doit y avoir et il y aura indemnisation" des victimes, a-t-il par ailleurs déclaré sans donner davantage de précisions.

Le ministre a affirmé qu'il souhaitait "rebâtir un nouveau système de sécurité sanitaire" pour éviter "un nouveau Médiator". "Le rapport de l'IGAS montre clairement que la police (NDLR: française) du médicament a failli à sa mission", a-t-il insisté.

Xavier Bertrand avait confié à l'IGAS la mission de "reconstituer la succession des événements et des choix" et de présenter des propositions pour améliorer le dispositif de pharmacovigilance.

Le Médiator aurait dû être interdit dès 1999
Le système de pharmacovigilance "s'est montré incapable d'analyser les graves risques apparus en termes de toxicité du Médiator", a expliqué, lors de la conférence de presse, Aquilino Morelle, ancien interne des hôpitaux de Paris qui a piloté l'enquête. "Les ministres chargés de la Santé ont géré avec lenteur les déremboursements d'un médicament à service médical insuffisant", a-t-il dit. Selon le rapport, le retrait du médicament du marché "aurait pu être décidé dès 1999".

Pour Aquilino Morelle, "dès l'origine, le laboratoire Servier a choisi un positionnement du Médiator en décalage avec la réalité pharmacologique de ce médicament", le rangeant dans la catégorie des antidiabétiques alors que sa molécule active, le benfluorex, est un anorexigène (qui provoque une diminution de l'appétit) puissant.

Concernant l'Agence du médicament, devenue Agence française sanitaire de sécurité sanitaire des produits de santé en 1999, l'IGAS ne "comprend pas" comment elle a pu, entre autres, ne pas prendre en compte les "alertes répétées sur le mésusage du benfluorex" venues d'Espagne et d'Italie, qui ont retiré la molécule du marché au début des années 2000. A plusieurs reprises sur les quarante dernières années, "le doute a profité au médicament et non aux malades", a déploré Aquilino Morelle.

Il a estimé qu'"aucun des directeurs généraux de l'Agence du médicament et de l'Afssaps n'a(vait) été informé de manière correcte" sur le Mediator, ce qui "ne les exonère pas" de leur responsabilité.

Outre Aquilino Morelle, les travaux de l'Inspection générale des affaires sociales ont été conduits par Etienne Marie, haut fonctionnaire au ministère de la Santé, et Anne-Carole Bensadon, médecin généraliste.

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