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Plan d'urgence contre la bronchiolite : "Le ministre de la Santé n'avait pas tant de choix que ça", estime un professionnel de santé

Le ministre de la Santé a déclenché, mercredi, le plan d'urgence national à l'hôpital, prévu pour les situations exceptionnelles alors que l'épidémie de bronchiolite vient frapper de plein fouet les services d'urgences pédiatriques.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Au service de pédiatrie de l'hôpital Pasteur de Colmar, le 20 octobre 2021. Photo d'illustration. (HERVÉ KIELWASSER / MAXPPP)

"Le ministre de la Santé n'a pas tant de moyens autour de lui pour signifier la prise de conscience de la problématique, il n'avait pas tant le choix que ça", estime mercredi 9 novembre sur franceinfo le professeur Olivier Brissaud, membre du Collectif Inter-Hôpitaux et chef de service réanimation pédiatrique au CHU de Bordeaux. Le déclenchement du plan d'urgence national a été annoncé par le ministre de la Santé alors que l'épidémie de bronchiolite frappe les hôpitaux.

franceinfo : Est-ce que le déclenchement de ce plan d'urgence national va vous soulager ou ne va pas changer grand-chose pour vous dans l'immédiat ?

Olivier Brissaud : L'ensemble des services hospitaliers s'organisent déjà avant même les plans blancs pour se préparer à ce type d'épidémie saisonnière. On est déjà dans une démarche de coopération. Ce que permet de faire le plan blanc c'est d'organiser, de structurer - sous l'égide des ARS et des directions d'hôpitaux - ces organisations. Donc il faut prendre ça comme quelque chose de positif.

L'inquiétude réelle des soignants, c'est de se dire que ça donne l'autorisation de mobiliser du personnel qui serait en vacances mais je crois sincèrement que l'ensemble des directions d'hôpitaux et des ARS ont compris l'immense pénibilité aujourd'hui des personnels soignants et feront tout ce qui est possible pour éviter de les faire revenir de congés.

Est-ce que la mise en place de ces plans blancs va vous permettre d'avoir des moyens supplémentaires contre cette épidémie de bronchiolite ?

Le ministre de la Santé n'a pas tant de moyens autour de lui pour signifier la prise de conscience de la problématique, il n'avait pas tant le choix que ça. Ce qui est presque choquant c'est de se dire - alors qu'on est face à une épidémie de bronchiolite qu'on a chaque année depuis des années - que cette année on a une mise en place de l'Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles [dispositif Orsan].

Cette mise en plan du dispositif et ce déclenchement de plans blancs dans différents hôpitaux, je l'identifierais plutôt comme des plans blancs destinés à l'hôpital public ou à la pédiatrie et pas tellement à la bronchiolite elle-même. Alors est-ce qu'on aura des moyens supplémentaires ? On ne peut pas dans l'extrême urgence mettre en place des moyens qui vont permettre de faire revenir les personnels de santé.

Quelle serait la solution selon vous ?

Ce à quoi aspirent l'ensemble des pédiatres aujourd'hui c'est repenser le système de soin de façon générale de l'hôpital public, spécifiquement pour la pédiatrie. Le travail est colossal parce qu'on n'a pas la feuille de route et parce qu'il va falloir travailler avec l'hôpital public de façon global, la pédiatrie, les cliniques, les médecins généralistes, les libéraux... C'est énorme. Je pense qu'il faut quelque chose qui se fasse en deux temps : l'urgence maintenant et déclencher les plans blancs mais il faut un deuxième temps - le travail de fond - avec ces assises de la pédiatrie qui doivent démarrer rapidement.

Quelle est la situation actuellement à Bordeaux où vous travaillez ?

À Bordeaux, la situation n'est pas critique mais on a un afflux important de patients. Par exemple, sur l'ensemble des lits de soins critiques de réanimation et de surveillance continue pédiatrique nous avons 20 lits et actuellement il y a 16 enfants qui sont des enfants avec une bronchiolite.

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