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Yaourt à la gélatine de bœuf, glace à la résine d'insectes... Une ONG dénonce les "animaux cachés" dans certains aliments

Foodwatch a révélé jeudi que des produits alimentaires contenaient, sans clairement l'afficher, des ingrédients dérivés d'animaux. L'association cible en particulier la marque Yoplait, avec une pétition demandant davantage de transparence. 

Article rédigé par Valentine Pasquesoone, Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
L'ONG Foodwatch lance, le 20 septembre 2018, une campagne contre les "animaux cachés" dans certains produits. (FOODWATCH)

De la gélatine animale dans un yaourt, un colorant à base d'insectes dans un soda... "Toutes sortes de bestioles se cachent dans nos aliments et boissons sans que nous le sachions", dénonce l'ONG Foodwatch, dans un communiqué publié jeudi 20 septembre. L'association de défense des consommateurs a mené, depuis le printemps, une étude à travers les rayons des grandes surfaces françaises : elle en tire une liste d'une "douzaine de produits connus où on ne s'attend pas" à la présence d'éléments dérivés d'animaux mais qui, pourtant, en contiennent.

>> Voici la liste complète des produits concernés.

"Nous avons recensé des dérivés d'animaux dans des produits de pâtisserie, des produits sucrés, mais également dans du fromage et des légumes", détaille à franceinfo Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez Foodwatch. Certains fabricants mentionnent nettement le nom du dérivé sur l'étiquetage, mais d'autres "se gardent bien de l'indiquer clairement aux consommateurs et consommatrices", déplore l'association. Une pratique légale, mais qui porte atteinte, selon l'ONG, aux droits et à l'information des consommateurs. 

Des consommateurs veulent savoir si ces produits contiennent des dérivés d'animaux, car ils sont végétariens, ou par conviction religieuse. Ils ont le droit de savoir.

Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez Foodwatch

à franceinfo

Des marques comme Cassegrain ou Auchan utilisent des substances animales pour des produits inattendus – respectivement du bouillon de volaille dans des conserves de flageolets et de la gélatine de bœuf dans des macarons – mais elles mentionnent bien la présence de ces ingrédients sur leurs étiquetages.

Des indications trop floues, selon Foodwatch

D'autres indiquent la substance, sans toutefois expliciter son origine animale. Foodwatch cite, entre autres, le cas du comté AOP au lait cru bio de la marque Système U, qui indique la présence de présure, un ingrédient traditionnel dans la fabrication du fromage, sans donner plus de détails. "Peu de consommateurs et consommatrices savent que cette présure provient en réalité de l'estomac de veaux abattus avant sevrage", dénonce Foodwatch.

L'association de consommateurs évoque également les glaces Façon glacier fraise et morceaux de meringues, de la marque Carte d'Or, dans lesquelles on retrouve du shellac, qui n'est autre qu'une sécrétion de cochenille (des petits insectes). Contactée par Foodwatch, Unilever France, qui produit les glaces Carte d'Or, n'a pas répondu à l'association. La résine de cochenille est aussi utilisée pour la transformation de produits, à l'instar de certaines pommes. "Rien, au rayon frais, ne laisse penser que les pommes ont été enduites de cette résine", déplore Foodwatch. 

Nous sommes dans l'embrouille, dans le flou pour les consommateurs. Parfois, le marketing l'emporte sur l'information essentielle à leur donner.

Mégane Ghorbani, responsable de campagnes chez Foodwatch

à franceinfo

Foodwatch s'attarde sur le cas de la gélatine, un produit animal, dont certaines marques ne précisent pas l'origine spécifique (porc ou bœuf), indiquant simplement "gélatine". Sans plus de détails. L'ONG dénonce ainsi la présence de gélatine de porc dans les Chamallows Haribo, confirmée à l'association par le service consommateurs de la marque. L'information est également disponible sur le site de la marque, mais pas sur l'étiquette en magasin.

La gélatine des petits oursons, un secret industriel

Idem pour L'Authentique petit ourson guimauve de Cémoi. Dans un courrier adressé à Foodwatch, datant du 18 mars, et que franceinfo a pu consulter, Cémoi défend le "pouvoir moussant" de cette substance "pour incorporer de l'air dans le sirop de guimauve". "Les bulles d'air petites et homogènes permettent alors de produire la texture moelleuse caractéristique de la guimauve", justifie la marque qui se garde de répondre à toutes les questions de Foodwatch. "La teneur en gélatine faisant partie de notre recette (...), vous comprendrez que nous ne puissions pas vous la communiquer", écrit le fabricant.

La réponse de Cémoi à Foodwatch, concernant la présence de gélatine animale dans plusieurs de ses produits.  (FOODWATCH)

Foodwatch cible "tout particulièrement" la marque Yoplait, en lançant jeudi une pétition à son encontre. De la gélatine de bœuf est, en effet, présente dans ses yaourts Panier de Yoplait 0%. Là encore, seule la "gélatine" est mentionnée dans la liste d'ingrédients, sans autre précision. "C'est le cas le plus problématique, le moins transparent" de l'ensemble des produits recensés par l'ONG, affirme Mégane Ghorbani. Elle réclame à la marque "qu'elle renseigne la vérité en toutes lettres sur les emballages"

L’emballage de vos produits met en avant des fruits rouges, bien visibles sur la face avant, et la liste d’ingrédients ne mentionne pas l’origine de la gélatine en question. Ce manque de transparence est pour nous inacceptable.

Foodwatch

dans une pétition ciblant la direction de Yoplait France

Interpellé par Foodwatch avant le lancement de la pétition, le président de Yoplait France, Nicolas de La Giroday, a répondu à l'association dans un courrier datant du 7 septembre, et que franceinfo a aussi pu consulter. "La gélatine (...) est d'origine bovine avec une quantité mise en œuvre inférieure à 0,5%", répond Nicolas de La Giroday. Ce dernier assure que la "sécurité" de chaque additif est "systématiquement évaluée et validée" par les autorités de santé publique de l'Union européenne. 

La réponse du président de Yoplait France, Nicolas de La Giroday, à Foodwatch.  (FOODWATCH)

"Nous laisserons la pétition ouverte jusqu'à ce que Yoplait change sa pratique", insiste Mégane Ghorbani. "C'est faisable, il suffit d'ajouter une information. Nous comptons sur la pression citoyenne pour changer les pratiques des industriels."

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